Australie: L'homme qui a sauvé la vie de plus de 2 millions de bébés en donnant son sang prend sa retraite
DON DU SANG•La composition atypique du sang de James Harrison serait due aux importants dons de sang dont il a lui-même bénéficié...Naomi Mackako
Si on dit d’un héros qu’il s’agit d’une personne qui se distingue par ses exploits, James Harrison, un octogénaire australien, pourrait s’y apparenter. Pendant soixante ans, il a donné régulièrement son sang et permis de sauver la vie de plus de 2 millions de bébés, rapporte Slate.
James Harrison, surnommé « l’homme au bras d’or » par la presse australienne, a fait don de plasma plus d’un millier de fois pendant six décennies. Soit une fois tous les dix-neuf jours, en sachant qu’il faut laisser passer quatorze jours entre chaque don. L’Australien de 81 ans a eu la révélation de sa mission à l’âge de 14 ans quand il a lui même bénéficié de la générosité de donneurs anonymes après s’être vu retirer un poumon. L’opération lui avait valu trois lourds mois de convalescence. Dès l’âge de 18 ans – âge légal pour donner son sang en Australie –, il commence donc à donner régulièrement son hémoglobine.
Des anticorps exceptionnels
La particularité de son sang est constatée très rapidement. Il contient des anticorps anti-D. Extrêmement rares, ils permettent de lutter contre la maladie hémolytique du nouveau-né (MHN). Un mal causé par les anticorps de la femme enceinte qui détruisent les globules rouges du fœtus et causent des déficiences cérébrales pouvant aussi entraîner une fausse couche. Environ 17 % des femmes enceintes souffriraient de cette maladie. Des experts estiment que la composition extraordinaire du sang de James Harrison serait due aux importants dons de sang dont il a été le bénéficiaire à l’âge de 14 ans.
aPendant longtemps, l’Australien a été le seul individu enregistré sur la base des services de santé à posséder les anticorps nécessaires à la lutte contre la MHN. A la fin des années 1960, il collabore avec les médecins qui élaborent l’immunoglobuline anti-D – dont la composition contient en majorité son sang – et procèdent aux premières injections. Aujourd’hui, l'Australie compte 200 personnes dont le plasma présente des propriétés proches de celui de James Harrison.
Une retraite bien méritée
Après avoir été un donneur émérite pendant soixante ans, l’octogénaire a atteint l’âge limite pour faire don de son plasma, lequel est fixé à 80 ans. Il a sauvé la vie de 2,4 millions de bébés, entre autres celle de sa propre petite-fille, Tracey, en 1992. « C’est probablement mon seul talent », a-t-il déclaré plein d’humilité. Vendredi dernier, il a donné son sang pour la 1173e et ultime fois.