« Peppa Pig »: Le dessin animé rendrait les attentes des patients irréalistes
SANTE•Le médecin n’est pas supposé se déplacer à domicile pour un « bobo mineur »…Naomi Mackako
Si vous avez ou connaissez des enfants en bas âge, vous avez sûrement déjà entendu parler de Peppa Pig, un dessin animé britannique à destination des tout-petits. Ces derniers en sont fans et se repassent souvent en boucle les aventures des membres de la famille Pig et surtout celles de la petite Peppa.
Seul hic… selon une étude publiée lundi dans le très sérieux British Journal of Medicine, Peppa Pig ferait naître chez les patients britanniques des attentes irréalistes envers leurs services de santé.
Un docteur trop dévoué
Dans le désormais célèbre dessin animé, le très dévoué et disponible docteur Brown Bear, ours brun médecin traitant des Pig, se rend chez ses patients à la moindre toux, tout en les guérissant à coups de nombreux médicaments. Résultats : « Regarder "Peppa Pig" et sa description des soins généralistes augmente le niveau d’exigence des patients et encourage une utilisation abusive des services de soins », analyse les équipes du docteur Catherine Bell, médecin généraliste à Sheffield qui a dirigé l’étude.
Un bobo mineur
Pour preuve : cet épisode de Peppa Pig dans lequel le petit cochon souffre d’une éruption cutanée sur le visage. Lorsque ses parents inquiets appellent le docteur Brown Bear, ce dernier répond : « Je viens immédiatement la voir ». Après avoir examiné la langue de Peppa, il déclare que son mal n’est « rien de bien sérieux » mais lui prescrit un médicament. Inutile, tranche Catherine Bell : "ce phénomène viral doit disparaître de lui-même". Sans compter que le médecin se déplace à domicile "pour un bobo mineur".
Le British Medicine Journal alerte donc sur les prescriptions faciles et évoque des attentes trop grande de la part des patients, le danger de l’épuisement professionnel du côté des médecins.
Des attentes irréalistes
Docteur Brown Bear « fournit à ses patients un service exceptionnel, rapide, avec accès téléphonique direct, continuité des soins, horaires extensibles et un seuil très bas pour les visites à domicile. Mais cela ne nourrit-il pas des attentes irréalistes pour les premiers soins ? », résume ainsi Catherine Bell, relevant l’influence d’un dessin animé diffusé dans plus de 180 pays.
A noter que, selon l’étude, le service public de santé britannique (National Health Service) serait d’ores et déjà sous pression. Ses manques de moyens et d’effectifs auraient même contribué au Brexit, dont les chantres prétendent détourner les fonds alloués à l’Union européenne au profit du NHS.