Etats-Unis: Des pompes funèbres poursuivies pour avoir refusé d'enterrer un homosexuel
DISCRIMINATION•Un Américain accuse une entreprise de pompes funèbres d’avoir refusé d’enterrer son mari en 2016 à cause de l’orientation sexuelle de ce dernier…Marie Lombard
Pour certains croque-morts américains, les décisions de la cour suprême n’ont pas valeur de loi. Alors que le 26 juin 2015, la cour suprême des Etats-Unis a légalisé le mariage homosexuel, ces derniers sont encore l’objet de nombreuses discriminations depuis leur coming out… jusqu’à leur décès.
C’est ainsi que l’octogénaire John Zawadski (aussi appelé Jack), qui avait rencontré Robert Huskey en 1965 et s’était marié avec lui en juillet 2015, s’est heurté en mai 2016 au refus d’une entreprise de pompes funèbres de Picayune (Mississippi) de prendre en charge l’enterrement de son conjoint décédé au motif que ce dernier était homosexuel. Il a depuis décidé de porter plainte contre les pompes funèbres de Picayune, et ses réclamations ont été rendues publiques mardi.
Robert Husker (ou Bob) est tombé malade fin 2015, selon le dossier, et lorsque sa mort est devenue inévitable, son neveu s’est assuré que l’entreprise de pompes funèbres de Picayune prendrait en charge l’enterrement. La veille du décès du mari de John Zawadski, l’entreprise a confirmé que la seule formalité nécessaire à la prise en charge du corps du défunt « était un appel de la maison de repos quand Bob mourrait », et qu'ensuite, les pompes funèbres se chargeraient de tout.
L’homosexualité du défunt ne « collait pas avec le genre » des pompes funèbres
Seulement voilà, selon le dossier de l’accusation, à la suite du décès de Robert Huskey et à l’appel de la maison de repos, les pompes funèbres ont finalement refusé de procurer leurs services après avoir appris que le conjoint du défunt était un homme. Il semble cet état de fait ne « collait pas avec le genre » de la maison. De son côté, la maison de repos exigeait que le corps de Bob soit déplacé immédiatement car l’établissement ne possédait pas de morgue. C’est ainsi que John Zawadski a dû s’allouer les services d’une entreprise à quelque 144 kilomètres de là.
« A cause de la distance à laquelle se trouvait la chambre funéraire alternative et le rush de dernière minute pour trouver un arrangement alternatif », « John et son neveu ont été incapables de réunir les amis dans leur communauté [pour honorer Bob] ».
Aucune loi pour protéger les homosexuels des discriminations
« Bob était ma vie », a confié John Zawadski dans une déclaration récupérée par CNN « et nous nous sommes toujours sentis les bienvenus dans cette communauté. Et là, à un moment de telle peine et perte personnelles, avoir quelqu’un qui fait ce qu’ils m’ont fait, à nous, à Bob, je ne peux juste pas le croire. Personne ne devrait avoir à traverser ce que nous avons traversé ». L’entreprise de pompes funèbres a pour sa part nié toutes les accusations dans une réponse à la publication du dossier…
Cette affaire paraît symptomatique à une époque où aucune loi de protection des personnes de la communauté LGBT n’a encore été promulguée au niveau national. A l’inverse, l’Etat du Mississippi a tenté en 2016 de légaliser une sorte « d’objection de conscience » basée sur des critères religieux, pour les professionnels qui refuserait de prodiguer à des personnes un service ou un bien en raison de leur orientation sexuelle. Ce sont certainement ces mesures discriminatoires qui ont poussé mardi les représentants démocrates à réintroduire au congrès un projet d’ Equality Act afin de lutter contre toutes les discriminations.