MONDELes livres soupçonnés d'enseigner l'islam radical bannis du Tadjikistan

Tadjikistan: Les livres soupçonnés d'enseigner l'islam radical bannis du pays

MONDELes livres provenant ou sortant
Marie Lombard

Marie Lombard

Les vacances au Tadjikistan se feront désormais sans bouquins. Le ministère de la culture tadjik a annoncé récemment que plus aucun ​livre ne pourrait sortir ou entrer dans le pays sans avoir obtenu une permission écrite du ministère.

« Cette obligation s’applique à [aux voyageurs venant de ou partant vers] tous les pays », a annoncé Sherali Khojaev, le chef du département pour la protection de l’héritage culturel du ministère de la culture, à RFE/RL. Cette mesure est destinée officiellement à empêcher le vol et le trafic de livres tadjiks précieux. Il suffit selon le chef du département de télécharger une application dans laquelle il faut « citer le nom du livre, sa langue, son endroit de publication, le nom des auteurs et le pays d’arrivée et de destination », afin de vérifier si l’ouvrage en transit est légal.

Outil de contrôle

Malgré cette déclaration, de nombreuses voix estiment que cette mesure est un moyen de surveiller l’arrivée sur le territoire de livres dispensant une éducation religieuse extrémiste. Selon Saidi Yusufi, un expert des affaires sociales, les livres écrit en arabe et persan pourraient ainsi faire l’objet d’un contrôle accru.

« Beaucoup d’employés [du ministère de la culture chargé d’autoriser ou non les livres] ne peuvent lire l’arabe et le persan, mais tous les livres dans ces langues peuvent être traités avec suspicion (…) les officiers ont déjà saisi des livres "inoffensifs". » Des machines à scanner ont été installées dans les halls d’entrée et de sortie de l’aéroport international de Dushanbe et les employés fouillent régulièrement les bagages.

La peur de l’extrémisme religieux

Le comité des affaires religieuses et le ministère de l’Intérieur Tadjiks avaient déjà compilé une liste de livres « bannis », pour la plupart religieux. En 2015, cette blacklist avait été rafraîchie et alourdie de 13 livres susceptibles de promouvoir la branche salafiste de l' Islam, mouvance bannie du Tadjikistan depuis 2009, en même temps que le hijab à l’école. Lorsque l' Etat Islamique a commencé à attirer les recrus Tadjiks, le gouvernement a également ordonné aux étudiants tadjiks scolarisés dans des écoles musulmanes à l’étranger de rentrer au pays, à certains hommes de raser leur barbe et à certaines femmes d’enlever le voile.