ART CONTEMPORAINOpéra de Paris: La mise en scène de la Damnation de Faust copieusement huée

Opéra de Paris: La mise en scène de la Damnation de Faust copieusement huée

ART CONTEMPORAINLe public a froidement accueilli l'étrange, ou audacieuse c'est selon, mise en scène de l'oeuvre d'Hector Berlioz...
Nicolas Bégasse

N.Bg. avec AFP

«Ça rime à quoi», criait le public. La mise en scène de La Damnation de Faust a été copieusement huée mardi soir à l'Opéra de Paris, en dépit d'un plateau de chanteurs très applaudi, avec le ténor star Jonas Kaufmann, Sophie Koch et Bryn Terfel.

Le metteur en scène letton Alvis Hermanis a cherché une figure contemporaine pour actualiser le mythe, et l'a trouvé dans le scientifique Stephen Hawking, pour qui la colonisation d'autres planètes comme Mars pourrait être la solution face à la catastrophe écologique annoncée. Stephen Hawking, qui vit cloué dans une chaise roulante à la suite d'une maladie neurodégénérative, est incarné sur scène par le danseur Dominique Mercy, un fidèle de la chorégraphe Pina Bausch. Un décor de cages d'acier et de verre occupe tant bien que mal l'immense plateau de Bastille tandis que sont projetées des vidéos sur un grand écran en fond de scène.

La débauche des enfers, cet échec

Insectes, souris blanches, escargots, et surtout méduses sont ainsi montrés tour à tour, en contrepoint de l'histoire du célèbre docteur qui vend son âme au diable en échange de plaisirs terrestres. Le spectateur médusé se demande s'il s'est égaré devant un documentaire du type «Nos amies les bêtes» ou un film de la Nasa sur la planète Mars. Le pari faustien du metteur en scène semble avoir totalement échappé à une bonne partie de l'audience, qui criait tantôt «la barbe», tantôt «ça rime à quoi», sans parler de quelques vocables moins aimables.

Marguerite (Sophie Koch) chante sa déclaration d'amour à Faust en jetant des regards éplorés vers des cétacés s'ébattant sur l'écran au-dessus d'elle, tandis que dans les cages de verre, des danseurs en chastes sous-vêtements blancs échouent totalement à figurer la débauche des enfers.

«On pourrait probablement en faire plus»

Le ténor allemand Jonas Kaufmann, interviewé par l'AFP, a défendu la production tout en déplorant que le metteur en scène, bien que disposant de «trois chanteurs-acteurs» les aient si peu sollicités: «On pourrait probablement en faire plus», a-t-il souligné.

La Damnation de Faust, écrite par étapes par Hector Berlioz à partir de Huit scènes de Faust (1829) et étoffé par le compositeur en 1846 est réputée difficile à monter, du fait de scènes disparates. Plusieurs mises en scènes ces dernières années ont pourtant relevé le défi, dont celle de Robert Lepage en 2001 à l'Opéra de Paris et celle d'Olivier Py (avec Jonas Kaufmann), huée en 2003 avant d'être très applaudie cinq ans plus tard à Genève.