ESPACEDes robots martiens s'affrontent en Pologne

Des robots martiens s'affrontent en Pologne

ESPACEIls serviront peut-être un jour de base à un véritable robot d’exploration spatiale...
Anissa Boumediene

A.B. avec AFP

Leurs créations fouleront peut-être un jour le sol de la planète rouge. Ce week-end, 27 équipes universitaires de douze pays, dont les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, les Pays-Bas, l’Inde et la Colombie participent au concours européen des robots explorateurs à Checiny, en Pologne, organisé par la Mars Society Polska, branche locale d’une association internationale préparant la conquête de Mars.

Boîte de conserve et ruban adhésif

Muni d’une petite pelle, le bras articulé du robot martien tente de prélever avec précision un échantillon de terre rouge. La tâche n’est pas facile : le sol est humide et serré. La mission est d’autant moins aisée que la pelle est découpée dans une boîte de conserve et accrochée au bras avec du ruban adhésif argenté.

« Nous avons fait cette pelle la nuit dernière parce que celle que l’on avait préparée ne fonctionnait pas », explique Kim Da-Eun. Agée d’une vingtaine d’années, elle fait partie de l’équipe de l’Université McGill de Montréal venue spécialement pour ce concours qui a lieu pendant le week-end. « Il faut improviser, il faut toujours essayer », ajoute-t-elle souriante.

Un terrain vague transformé en planète Mars

Les robots, commandés à distance par des opérateurs qui ne voient le terrain que sur l’écran de leurs ordinateurs, doivent affronter quatre épreuves sur ce terrain vague, transformé en planète Mars grâce aux 750 tonnes de terre rouge extraites d’une mine voisine. Modulables, sur quatre, six ou huit roues, pesant jusqu’à 50 kilogrammes, les robots doivent aider les astronautes et servir de base pour différents modules dexploration scientifique.

« Outre le prélèvement d’échantillons du sol, ils doivent savoir manipuler les interrupteurs d’un réacteur et y mesurer la tension, transporter des outils. Ils ont également appris à effectuer un parcours spécial uniquement à l’aide des coordonnées GPS », explique Arkadiusz Klos, un membre de jury observant le robot polonais Orion, construit par les étudiants de l’Université technologique de Lublin.

« Attention ça fume », lance-t-il soudainement. Effectivement, de la fumée, puis une petite flamme jaillissent du moteur alimentant une des roues du robot. « C’est peut-être l’un des transistors », dit Marcin Mierzejewski, 31 ans, doctorant au département mécanique de Lublin, se penchant sur les entrailles de la machine immobilisée. Une fois remonté, le robot, peint en rouge et en noir, repart, mais la fumée rejaillit. Les réparations prendront plus de temps que prévu.

3.000 heures pour construire un robot

« On a passé 3.000 heures à construire ce robot. Il ne partira pas sur Mars, mais l’expérience qu'on a gagnée en le construisant est inestimable, sur le plan technique, professionnel et humain », explique Marcin Mierzejewski. « On a appris à mener en équipe un projet du début à la fin en respectant un budget, à travailler avec les entreprises, les sponsors. Tout cela nous servira plus tard dans la vie. Et puis, on s’amuse bien en faisant cela ».

Orion n’est pas le seul à avoir des problèmes. Un robot venu d’Australie s’est renversé après avoir parcouru à peine une dizaine de mètres, une des machines polonaises est sortie du terrain et a percuté une voiture. Mais les meilleurs réussissent à faire toutes les épreuves et, qui sait, serviront peut-être un jour de base à un véritable robot d’exploration spatiale.

Si on devait relancer les missions sur la Lune, « les robots seraient très utiles pour explorer le terrain avant que les astronautes n’y aillent », confirme Harrison Schmitt, le dernier homme à avoir posé son pied sur le satellite de la Terre lors du programme Apollo 17 et venu spécialement en Pologne pour ce concours. « Mais ils ne remplaceront jamais dans un avenir proche l’entraînement et l’expérience qui peuvent être assimilés par le cerveau humain », ajoute-t-il en souriant.