A 102 ans, elle passe enfin sa thèse, rejetée par les nazis pour «raisons raciales»
DOCTORAT•Ingeborg Rapoport sera bientôt la plus vieille doctorante du monde...T.L.G.
A 102 ans, elle sera bientôt, la plus vieille doctorante du monde. Ingeborg Rapoport a déjà tenté de soumettre sa thèse à l’université d’Hambourg. C’était en 1938, sous le IIIe Reich. Elle avait 25 ans, rapporte le Wall Street Journal.
Son professeur, qui avait appartenu un temps au parti nazi, salue alors son travail sur la diphtérie, une maladie infectieuse qui provoque des décès chez les enfants en Europe et aux Etats-Unis. On l’empêche pourtant d’obtenir son doctorat. « On m’a dit que je n’étais pas autorisée à passer l’examen oral », raconte-t-elle.
« She was denied a doctorate by the Nazis in 1938. Now, age 102, she becomes Dr. Rapoport http://t.co/lLDSLCncW5 pic.twitter.com/oecgIipwhN — Wall Street Journal (@WSJ) May 16, 2015 »
Thèse rejetée pour « raisons raciales »
L’académie évoque des « raisons raciales ». Ingeborg est née de mère juive. Ses copies sont barrées d’une bande jaune. « Mon avenir médical a été réduit à néant. C’était une honte pour la science et une honte pour l’Allemagne », commente-t-elle. Comme elle, des milliers d’étudiants juifs sont jetés hors des universités. Beaucoup meurent dans les camps.
Ingeborg fuit, seule et sans un sou, aux Etats-Unis en 1938. Elle fait une brillante carrière médicale, et prend la tête d’une clinique pédiatrique dans un hôpital de Cincinnati. « J’ai eu beaucoup de chance, et peut-être de la ténacité ». Elle rentre finalement en Allemagne de l’Est avec son mari dans les années 1950.
Il y a quelques mois, la thèse refait surface. Un ami de son fils raconte l’histoire d’Ingeborg à l’actuel doyen de l’Université d’Hambourg. La retraitée retravaille son sujet, et présente une nouvelle version de sa thèse, 77 ans après. L’oral s’est tenu le 7 mai dans le salon de la vieille dame. « Le test a été très bon », a salué le doyen. « Vu son âge, elle a été brillante ». Une cérémonie est prévue le 9 juin par l’université. « Je ne me suis jamais sentie amer, témoigne la vieille dame. J’ai été affreusement chanceuse dans toute cette histoire »