ENVIRONNEMENTEt maintenant, la pollution s'attaque au pénis de l'ours blanc

Et maintenant, la pollution s'attaque au pénis de l'ours blanc

ENVIRONNEMENTPrésent au sommet de la chaîne alimentaire, l'ours polaire est particulièrement exposé aux polluants déversés par l'homme dans les océans...
Nicolas Bégasse

N.Bg.

Rien ne sera épargné aux ours polaires, pas même l’intégrité de leur intimité. Une étude danoise publiée dans le numéro de février d’Environnemental Research conclut en effet que la pollution provoquée par l’homme ne fait pas seulement fondre la banquise – mais aussi l’os pénien des pauvres ursidés.

Présent chez de très nombreuses espèces dont l’ours, le chat, le gorille, les loutres et même chez l’homme à un stade reculé de son évolution (mais plus maintenant, même si la fracture du pénis existe toujours), le baculum, ou os pénien, servirait à optimiser la durée du coït et donc la reproduction, même si les avis des chercheurs divergent quant à sa fonction. Mais une chose est sûre: s’il casse, l’accouplement est compromis.

Trophée de chasse

Or le baculum des ours polaires est malmené. Très utilisé par l’industrie jusque dans les années 80, le PCB, cancérigène et perturbateur endocrinien reconnu et désormais interdit, a la vie dure. Diluée dans l’océan, cette molécule est absorbée par les petits organismes, à leur tour gobés par de plus grands animaux. C’est le principe de la biomagnification: plus on monte dans la chaîne alimentaire, plus les effets des polluants se font ressentir. Et devinez qui se trouve au sommet de la chaîne alimentaire? L’ours polaire.

Pour mener leur étude, les chercheurs danois ont analysé le baculum des dizaines d’individus grâce aux populations locales qui conservent l’os pénien comme trophée de chasse. Résultat: dans les zones de l’Arctique où les espèces sont le plus exposées au PCB, la densité minérale des os péniens est la plus faible. Comme l’expliquent les chercheurs, «la réduction de la densité minérale de l’os pénien pourrait conduire à un accroissement du risque d’extinction de l’espèce en raison d’échecs lors de la reproduction, et donc de la fertilisation, comme conséquence de la faiblesse de l’os pénien et des risques de fractures». Déjà considéré comme «vulnérable» par l’UICN, l’ours blanc n’avait vraiment pas besoin de ça.