La grève du sexe, l'arme contre la guerre au Soudan du Sud

La grève du sexe, l'arme contre la guerre au Soudan du Sud

CONFLITQuelque 90 femmes se sont réunies dans la capitale pour mettre sur pied les meilleures idées pour «faire avancer la paix»...
Bérénice Dubuc

B.D. avec AFP

Un groupe de Sud-Soudanaises militant pour la paix a appelé à une grève du sexe pour contraindre les belligérants, dont les deux camps s'entretuent depuis plus de dix mois dans leur pays, à cesser les combats. Quelque 90 femmes, dont des députées, se sont réunies cette semaine dans la capitale Juba pour mettre sur pied les meilleures idées pour «faire avancer la paix, la reconstruction et la réconciliation».

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Parmi les principales pistes: «convaincre toutes les femmes du Soudan du Sud de refuser leurs droits conjugaux à leurs maris jusqu'à ce que la paix revienne, ont-elles expliqué dans un communiqué ce jeudi. D'autres propositions ont émergé, parmi lesquelles rencontrer les femmes du président Salva Kiir et de son ancien vice-président et rival Riek Machar, pour leur demander de faire pression sur leurs maris «pour arrêter la guerre».

Cette idée montre que la population veut la paix à tout prix

Le Soudan du Sud est déchiré depuis décembre par un conflit émaillé d'atrocités entre les troupes fidèles au président Kiir et celles loyales à Riek Machar. Dans cette guerre, des milliers de personnes -sans doute des dizaines de milliers, mais aucun bilan précis n'existe- ont été tuées et plus de 1,8 million chassées de chez elles.

Pour Tobias Atari Okori, de la Commission pour la paix et la réconciliation, soutenue par le gouvernement, l'idée d'une grève du sexe montre que la population veut la paix à tout prix. «La population souffre énormément, et ce sont les femmes, les enfants et les personnes âgées qui souffrent le plus», a-t-il souligné.

Début octobre, la responsable de l'ONU en charge de la violence sexuelle dans les conflits armés, Zainab Bangura, avait affirmé n'avoir jamais vu un nombre aussi important de viols qu'au Soudan du Sud depuis le début du conflit. Ces derniers mois, responsables politiques et militaires sud-soudanais n'ont cessé de violer les promesses de cessez-le-feu difficilement décrochées sous la pression de la communauté internationale.