Commémoration du D-Day: Un para britannique de 89 ans ressaute sur la Normandie
DEBARQUEMENT•Jock Hutton appartenait au 13e bataillon parachutiste, qui a sauté sur le territoire français avant l'aube du 6 juin 1944...Bérénice Dubuc
«A mon âge, la vie peut s’avérer un petit peu ennuyeuse, alors il faut sauter sur toutes les occasions qui procurent des sensations», a malicieusement déclaré jeudi Jock Hutton, 89 ans, juste après avoir ressauté sur la Normandie, comme il l’avait fait le Jour J.
Symboliquement, Jock Hutton a atterri dans le même champ, qui l’avait déjà réceptionné avec le 13e bataillon parachutiste, alors qu’il faisait partie de la première vague de troupes alliées à sauter sur le territoire français avant l’aube du 6 juin 1944. Cette fois-ci, pas de risque qu’un Allemand ne lui tire dessus et compte tenu de son âge, Jock Hutton a sauté en tandem. Harnaché à un membre des «Red Devils», les parachutistes britanniques d’élite, il a aussi sauté de dix fois plus haut -1.600 mètres- que lors du D-Day.
Conditions météo différentes
Le vétéran et son accompagnateur ont touché le sol juste devant le prince Charles, qui a attendu que l’ancien parachutiste reprenne son souffle avant de s’avancer pour lui serrer la main. En tant que chef du régiment de parachutistes, l’héritier de la couronne préside les cérémonies en hommage aux hommes qui participèrent à la première vague de parachutages, peu après minuit dans la nuit du 5 au 6 juin.
Jock Hutton a sauté en ouverture d’une démonstration de saut à laquelle participaient près de 300 paras britanniques, américains, français et canadiens. Les corolles de leurs parachutes ont envahi le ciel bleu au-dessus de Ranville, le premier village libéré de France continentale, dans des conditions météo optimales, bien loin de celles du D-Day. En 1944, «il faisait très noir, nous ne voyions pas où nous allions», a raconté le vétéran. «Il pleuvait un peu et la lune est apparue entre les nuages, c’était une sorte de bienvenue en France».
Soldat aguerri
A l’époque, comme ses camarades, il portait un sac de 20 kilos accroché aux jambes et devait éviter d’atterrir dans le noir sur les pieux dépassant des champs. Mais ce soldat aguerri, qui après la guerre a servi encore pendant quarante ans dans les commandos de Rhodésie (ancien nom du Zimbabwe avant son indépendance en 1979), a catégoriquement démenti avoir eu peur jeudi.
«De toute ma vie, Monsieur, je n’ai jamais eu peur. Je suis un petit Ecossais teigneux», a-t-il martelé. Après le Débarquement, Jock Hutton a été blessé le 22 juin 1944 et rapatrié en Grande-Bretagne. Puis il a rejoint la France et son bataillon qui a poursuivi la guerre aux Pays-Bas.