Jérémy, 12 ans et demi, déjà délinquant?
JUSTICE La révision de l'ordonnance de 45, relative à la délinquance des mineurs, prévoit de fixer la responsabilité pénale à l'âge de 12 ans...
La révision de l'ordonnance de 45 relative à la délinquance des mineurs, dont le rapport est remis ce mercredi à la ministre de la Justice Rachida Dati, prévoit de fixer la responsabilité pénale à l'âge de 12 ans. Une mesure qui permettrait aux juges le placement en détention de délinquant dès cet âge. Mais il existe tout un panel de mesures à la disposition des magistrats avant de prononcer une telle sanction. 20minutes.fr a suivi, le temps d'une journée, un jeune délinquant de 12 ans et demi, soumis à une de ces mesures pénales.
Jérémy* n'a pas encore fêté ses 13 ans mais est un «primo-délinquant». C'est ainsi que sont qualifiés les jeunes dans sa situation. Jérémy n'est pas un adolescent rebelle mais un petit garçon blondinet au regard malicieux, en manque de repères. Il a commis un vol, et ce n'était pas son premier délit. Alors cette fois, la sanction est tombée.
Il doit «réparer» son erreur, en encadrant un groupe de jeunes enfants autistes dans un centre équestre près de Caen. «Une manière intelligente de le confronter à la réalité», explique Anne, l'éducatrice qui l'accompagne. «Il s'agit d'une mesure éducative et non répressive», précise Virginie Boudon, directrice départementale adjointe de la PJJ du Calvados. «Eduquer avant tout», voilà le rôle de cette petite cellule du ministère de la Justice.
«Le plus gros enjeu avec ses jeunes délinquants est de leur redonner de l'estime d'eux même, souligne Anne, pousser un jeune à effectuer des travaux concrets est beaucoup plus efficace», souligne-t-elle.
Des mesures et sanctions adaptées
Jérémy, du haut de son mètre trente, ne se laisse pas impressionner. Pendant deux heures, il s'occupe de Victor, un petit garçon autiste qui ne peut pas parler. D'abord intimidé par cette «différence», Jérémy fait de son mieux pour nouer le contact. «À travers cette mesure, nous lui offrons une ouverture sur les autres», confie Anne. La mesure semble donc adaptée à ce jeune de 12 ans et demi, mais elle peut sembler bien dérisoire pour d'autres jeunes délinquants plus vindicatifs.
«Le travail de la PJJ est d'apporter des réponses personnalisées pour ces jeunes en difficulté, explique Virginie Boudon, en fonction de l'âge du jeune, mais aussi du délit commis, les sanctions sont plus ou moins importantes.»
Quelle efficacité des mesures de réparation?
Une fois sa mesure de réparation pénale terminée, Jérémy retrouve sa famille, fier d'avoir «fait quelque chose d'utile». Dans quelques semaines, il devra l'expliquer au juge, qui décidera ensuite si des poursuites sont nécessaires. Mais sortir ces jeunes de la spirale de la délinquance ne dépend pas uniquement des réponses judiciaires. «Nous sommes là pour lui donner des clefs pour son avenir, explique Anne, c'est ensuite à lui de les saisir ou non.»
Malheureusement, le cadre familial n'est pas toujours très porteur. Dans le cas de Jérémy l'univers carcéral fait partie du quotidien. Ses deux grands frères sont actuellement incarcérés, et son père a déjà effectué une peine de prison. «Le plus difficile est d'expliquer à ces ados qu'il ne faut pas suivre l'exemple des parents, même si on les aime très fort», souligne Anne. Mais peut-on comprendre cette nuance lorsque l'on a que 12 ans et demi?
* Le prénom a été changé