François Bayrou à 20minutes.fr : «Quand ils ne comprennent pas, les peuples votent non»

EUROPE Invités à se prononcer sur le traité le de Lisbonne par référendum, les Irlandais se sont prononcés pour le «non». François Bayrou, président du MODEM revient pour 20 minutes.fr sur ce revers, et expose sa vision d'une issue pour l'UE.

Propos recueillis par Valérie Zoydo
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Le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou, tiendra une conférence de presse lundi à 16H00 au siège parisien du parti pour y faire "une déclaration importante".
Le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou, tiendra une conférence de presse lundi à 16H00 au siège parisien du parti pour y faire "une déclaration importante". — Pierre Andrieu AFP

Invités à se prononcer sur le traité le de Lisbonne par référendum, les Irlandais se sont prononcés pour le «non». François Bayrou, président du MODEM revient pour 20 minutes.fr sur ce revers, et expose sa vision d'une issue pour l'UE. Interview

Les résultats du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne donnent le «non» vainqueur. Avec ce nouveau revers, que doit envisager l’Europe pour s’en sortir ?

Il est temps de regarder les choses en face. Un fossé s’est creusé entre les peuples européens et les institutions. Ce fossé est devenu un gouffre. À Lisbonne, on a voulu éluder les questions essentielles. Mais les peuples veulent avoir leur place dans les décisions et savoir ce qui se décide en leur nom. Ils n’acceptent pas que l’UE soit seulement un projet commercial qui ne parle que de concurrence. 


Comment retrouver le chemin de la construction européenne?

Au lieu de faire les sourds, il faut répondre aux questions que les peuples se posent : comment protéger leur identité, leurs valeurs, leur projet social…


Le même scénario a eu lieu avec le traité de Nice en 2002 : l’Irlande l’avait rejeté dans sa version initiale par référendum… L’option retenue avait alors été l’octroi de clauses dérogatoires. Quelle issue pour le traité de Lisbonne ?

Le Premier Ministre François Fillon l’a dit jeudi soir : si la réponse irlandaise est non, il n’y a plus de traité de Lisbonne. Je ne souhaite pas qu’on fasse comme si rien ne s’était passé.


Est-ce un échec pour la France et pour Nicolas Sarkozy?

Il y a eu une grave erreur de méthode. Je défendais l’idée d’un texte court, simple, lisible, compréhensible par tous et soumis au référendum du peuple. Au lieu de cela, on a fait 350 pages d’amendements illisibles ! Quand ils ne comprennent pas, les peuples votent non… 


Que suggérez-vous comme solutions concrètes?

Il faut repartir sur des bases nouvelles. Il faut dresser la liste des questions que se posent les citoyens et y répondre, simplement, de manière compréhensible par tous.


L’Union européenne devient-elle une utopie ?

C’est un idéal dont chacun de nous a besoin, qui concerne chacune de nos familles. Une voix européenne qui nous défende et pèse aussi lourd que les Etats-Unis et la Chine, tout le monde en a besoin. Mais cela ne peut pas se faire contre les citoyens ou sans eux.


Comptez-vous vous impliquer dans cette reconstruction?

Oui, les élections européennes en 2009 serviront à proposer un autre chemin.