Pourquoi la momie Séramon, vieille de 3.000 ans, va être hospitalisée à Lyon ?
sciences•Un prototype clinique de scanner unique au monde, le scanner spectral à comptage photonique, permet aux scientifiques de découvrir les secrets de la momie SéramonGilles Varela
L'essentiel
- Des chercheurs français ont fait passer la momie Séramon, vieille de 3.000 ans, au scanner SPECT à comptage photonique, un scanner de nouvelle génération permettant de voir des détails jusqu’ici invisibles sans détériorer la momie.
- L’examen a déjà permis de mettre au jour des informations inédites comme des fractures vertébrales, de l’arthrose de hanche et de l’athérome carotidien chez Séramon.
- Grâce à cette nouvelle technologie, les scientifiques espèrent, entre autres, pouvoir lire les hiéroglyphes du scarabée sur son cœur et identifier les amulettes de son collier.
Mais quels secrets se cachent sous les bandelettes de cette momie ? Quels mystères dissimule un haut fonctionnaire vieux de 3.000 ans, aujourd’hui connu comme la momie Séramon ? Ici, pas de chapeau ou de fouet, mais des scientifiques. Fruit d’un partenariat entre le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon où était conservée la momie et les chercheurs aux Hospices civils de Lyon, Séramon va être étudiée de très très près avec un prototype clinique de scanner unique au monde, le scanner spectral à comptage photonique.
Développé par des chercheurs du Centre de recherche en acquisition et traitement de l’image pour la santé (Creatis) en collaboration avec la société Philips et hébergé au sein de la plateforme Cermep sur le site est des Hospices civils de Lyon, ce scanner devrait révéler des détails inédits sur la santé de cette momie. Ce scanner spectral à comptage photonique (SPCCT) permet d’étudier une momie sans risque de détérioration. Les scientifiques ont aujourd’hui recours à des méthodes d’imagerie non invasive.
De nouvelles informations jusque-là invisibles
En 1984, une première radiographie de la momie Saramon décelait des opacités pouvant correspondre à des amulettes, confirmées par un scanner plus puissant en 2007 réalisé par le Dr Samuel Merigeaud, radiologue, directeur de Tridilogy et expert dans le domaine de l’imagerie des momies. Mais avec ce nouveau type de scanner spectral, une nouvelle étape dans l’exploration de ce trésor de l’Egypte antique est franchie et va mettre à jour de nouvelles informations jusque-là invisibles.
Cette approche originale est une première mondiale. Grâce à cet examen, les scientifiques devraient être en mesure de lire pour la première fois les hiéroglyphes inscrits sur le scarabée posé sur la poitrine de Séramon, ou d’identifier les amulettes du collier qui n’avaient pas pu l’être jusqu’à présent. Mais le scanner SPCCT va plus loin. Grâce à sa haute résolution spatiale, les chercheurs ont pu visualiser des éléments pathologiques inédits, comme des fractures vertébrales, de l’arthrose de hanche et de l’athérome carotidien. La présence du cœur reste encore à identifier, laissant de nombreux secrets encore à élucider…
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