Science inspiréeRespirer par l’anus, c’est possible chez certains animaux

Une étude tout à fait sérieuse prouve que les mammifères peuvent respirer par l’anus (et bientôt les humains ?)

Science inspiréeDes chercheurs japonais ont reçu le prix Ig Nobel pour leurs travaux ayant démontré que les souris et les porcs étaient capables d’assimiler de l’oxygène délivré dans leur rectum
Les cochons sont capables, si on les aide un peu, de respirer par l'anus (illustration).
Les cochons sont capables, si on les aide un peu, de respirer par l'anus (illustration). - S.Malgavko
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Fini les galères de nez bouché. Jeudi soir, au sein du prestigieux IMT de Cambridge, la revue de parodie scientifique Annals of Improbable Research a décerné le prix Ig Nobel de physiologie aux recherches très sérieuses d’une équipe de scientifiques japonais. Ces derniers ont réussi à démontrer que les mammifères pouvaient « respirer » par l’anus.

Si la revue Annals of Improbable Research se veut humoristique et que son Ig Nobel s’assume parodique du « vrai » Nobel, les travaux scientifiques récompensés, eux, sont tout ce qu’il y a d’authentiques. « Ces prix ont pour but de célébrer l’insolite, d’honorer l’imagination et de stimuler l’intérêt du public pour la science, la médecine et la technologie », explique d’ailleurs la revue sur son site Internet. Alors forcément, les travaux de chercheurs japonais sur « la ventilation entérale par l’anus (EVA) des mammifères », objets d’un article très documenté publié en juin 2021, méritaient un Ig Nobel.

Un travail inspiré d’une espèce de limace

Ces recherches avaient été diligentées dans le cadre de la pandémie de Covid-19, lorsque les services hospitaliers du monde, submergés par la demande, s’étaient retrouvés à court de respirateurs et de poumons artificiels. Les chercheurs s’étaient alors inspirés des loches, une espèce de limace, dont la particularité est qu’elle « utilise la respiration intestinale », explique l’article de la revue Med.

Les scientifiques japonais ont ainsi eu l’idée de tester cette approche sur des mammifères, des rats, des souris et des cochons. A force d’expériences, ils sont parvenus à démontrer « l’efficacité d’une approche de ventilation entérale pour atteindre l’oxygénation systémique ». Pour schématiser, ils ont administré par voie rectale à des groupes de mammifères d’une part un « liquide d’oxygène », d’autre part un « gaz O2 », et observé ce qu’il se passait.

Ils ont ainsi pu constater que l’EVA « s’est avérée efficace chez les mammifères, car elle a oxygéné la circulation systémique et amélioré l’insuffisance respiratoire ». Autrement dit, respirer par l’anus est un bon moyen d’oxygénation complémentaire ont conclu les scientifiques. D’ailleurs, l’un des chercheurs, le Dr Takanori Takebe, s’est finalement félicité auprès du Guardian d’avoir remporté l’Ig Nobel, espérant que cela suscite l’intérêt autour de son travail. Il a aussi assuré que son équipe avait commencé les essais sur des volontaires humains.