« Final Fantasy VII » : Pourquoi tout le monde est obsédé par ce jeu sans fin ?
RPG•« Final Fantasy VII Rebirth » est la deuxième partie du remake du jeu de rôle culte. En plus de vingt-cinq ans, l’univers du jeu fascine encore les foules, à travers des suites, des adaptations et des spin-offQuentin Meunier
L'essentiel
- La deuxième partie du remake de Final Fantasy VII sort jeudi, et va permettre à une nouvelle génération de découvrir ce jeu culte.
- Depuis sa sortie en 1997, il s’agit du Final Fantasy qui a engendré le plus de spin-off, tant il a marqué les joueurs à sa sortie.
- Ses personnages et ses thèmes en lien avec l’écologie et le capitalisme trouvent plus que jamais un écho aujourd’hui.
Il y a quatre ans, Final Fantasy VII renaissait une première fois. Le remake du jeu de rôle culte, d’abord sorti en 1997, était salué par la critique. Jeudi, c’est au tour de la deuxième partie de ce projet, Final Fantasy VII Rebirth.
Ce remake est l’occasion pour une nouvelle génération de joueurs de découvrir ce titre qui a marqué la Playstation 1 et a posé les nouveaux standards du jeu de rôle japonais. Mehdi avait à peine un an quand le jeu original est sorti. Et s’il a adoré tous les Final Fantasy à partir du X, il n’avait jusque-là jamais réussi à accrocher au VII, malgré son statut culte. « J’ai voulu jouer à l’original mais je n’ai pas pu, je trouve qu’il a mal vieilli en matière de graphisme et de rythme, explique-t-il. A mon sens, le remake correspond à toutes les ambitions des développeurs de l’époque. » « Ce jeu se place en transition entre deux générations techniques, et il en porte les stigmates », reconnaît Pierre Lovati, professeur invité à l’université de Namur (Belgique), et auteur de La saga Final Fantasy VII Remake chez Third Editions.
Univers étendu devenu culte
Au-delà de l’aspect graphique, c’est le statut culte du jeu qui justifie ce remake. « Je n’y ai pas joué mais je sais quand même que c’est un monument : l’histoire est complexe et les cinématiques sont folles pour l’époque », estime Mehdi. « La fin originale, un peu apocalyptique, laisse beaucoup d’éléments sans réponse, complète Pierre Lovati. C’est ce qui explique en partie le succès de son univers étendu. » Il s’agit en effet du premier Final Fantasy à recevoir des spin-off : une suite sous forme de film d’animation, des romans, et plusieurs jeux qui explorent le passé ou le devenir de certains personnages du jeu. Certains sont devenus iconiques, comme son héros Cloud et l’antagoniste, Sephiroth, « qui apparaissent même dans des jeux crossover comme Smash Bros », rappelle Mehdi.
Le retour de cet univers était réclamé à grand cri. Et jusqu’à maintenant, les deux parties de ce remake n’ont pas déçu et rendent hommage au côté grandiose du titre original, que ce soit dans sa mise en scène ou sa générosité en contenu et quête annexe. D’autant que si Remake se déroulait entièrement dans la ville claustrophobique de Midgard où se déroule le premier tiers de l’histoire, Rebirth lorgne plus du côté des grands espaces ouverts. « Il y a un effet de sidération : on n’en attendait pas tant, reprend Pierre Lovati. A l’époque, je me serais contenté du même jeu avec de meilleurs graphismes, mais Final Fantasy VII Remake donne beaucoup plus. Sur certains aspects, Square Enix [le développeur du jeu] a mis plus de moyens dans ces deux remakes que dans Final Fantasy XVI. »
Une histoire qui sait rester d’actualité
Plus de vingt-cinq ans après sa sortie, les thèmes de l’œuvre sont aussi plus que jamais d’actualité. « Final Fantasy VII réadapte une histoire écrite dans le contexte de la fin des années 1990, observe. On y parle de vie, de mort, de réincarnation, mais il y a aussi beaucoup de thèmes très japonais et d’idées un peu soixante-huitardes. » Le jeu voit des protagonistes mi-écoterroristes mi-jeunes idéalistes affronter une immense corporation qui a le monopole sur l’équivalent de l’énergie nucléaire, et à un antagoniste nihiliste qui veut débarrasser la planète des humains. « On a presque un échiquier politique complet, et la fin du jeu ne donne vraiment raison à personne, analyse l’auteur. Cette nouvelle trilogie sort dans une époque désenchantée. Ce qui était de l’anticipation à l’époque fait presque partie du réel aujourd’hui, avec l’accélération du changement climatique par exemple. Visuellement, le jeu utilise beaucoup l’esthétique de la science-fiction japonaise des années 1980-1990. Cette représentation peut paraître datée, et, pourtant, elle n’a jamais été aussi forte. »
Et même ceux qui connaissent déjà l’œuvre originale ont une raison de revenir. Spoiler pour la fin du premier épisode : les choses ne sont pas vraiment ce qu’elles semblent être dans cette réécriture et plusieurs événements défient explicitement la trame originelle. « Sur PS2, on rêvait d’une suite à Final Fantasy VII, on l’a, sourit Pierre Lovati. L’intrigue du jeu de base était une sorte d’enquête sur les origines du protagoniste et ses motivations. Ici, un joueur qui a fait ses devoirs et joué à tous les spin-off a une nouvelle méta-enquête à résoudre : dans quelle réalité alternative se situent ces nouveaux jeux ? » La mort d’Aerith, une des plus célèbres scènes de l’histoire du jeu vidéo, peut-elle être empêchée ? Réponse dans Final Fantasy VII Rebirth.