Nos lecteurs plébiscitent encore les jeux vidéo au format physique
Votre vie, votre avis•Malgré une progression des jeux à télécharger, de nombreuses préfèrent les possibilités offertes par le format physique, que ce soit pour collectionner, revendre ou faire des économiesQuentin Meunier
Les cartouches font de la résistance. Alors que les distributeurs de jeux vidéo se tournent de plus en plus vers le dématérialisé, les joueurs et joueuses qui ont répondu à notre appel à témoignages sont unanimes : pas question de dire adieu au support physique.
« Je n’envisage pas une seconde de passer au dématérialisé, assure par exemple Gabi. La majorité des joueurs, moi y compris, le refuseront toujours, même si je reste persuadé que cela arrivera un jour ou l’autre de la même manière que Netflix a fini par s’imposer pour les films et séries. » A première vue, le dématérialisé semble aller dans le sens de l’histoire. Avec l’arrivée de la plateforme Steam et la généralisation de l’accès à Internet, le téléchargement des jeux s’est progressivement généralisé.
Seulement, en France, le match est loin d’être joué. Selon le rapport du syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs de 2022, le support physique représente toujours 55 % de la valeur générée dans le secteur. Une part qui était même en hausse de quatre points depuis l’année précédente.
Pas besoin d’Internet
Qui dit dématérialisé dit généralement accès à Internet, que ce soit pour le téléchargement ou pour les protections antipiratage. Voire, parfois, pour pouvoir jouer au jeu lui-même. La persistance du support physique est donc un argument récurrent en sa faveur.
« En effet, celles-ci s’apparentent plus à de la location long terme à partir du moment où les plateformes de jeux peuvent soudainement décider de les retirer, que ce soit parce qu’elles perdent les droits de licensing ou pour d’autres raisons [Le jeu Spec Ops The Line a par exemple disparu des plateformes en février], estime Laëtitia. On se retrouve donc impuissant face à ce genre de situation et nos sous envolés. »
Des économies à tous les niveaux
Les formats physiques permettent également de faire des économies. Si Steam offre très souvent des promotions, celles-ci sont beaucoup plus rares sur les magasins numériques des consoles Nintendo ou PlayStation. Alors que les bons vieux disques ou les cartouches sont généralement un peu moins chers dans la grande distribution, et surtout, peuvent s’acheter d’occasion. « Généralement le prix des jeux physiques, le jour de leur sortie et les quelques semaines qui suivent, se trouve entre 20 %-25 % moins chers que les jeux dématérialisés, illustre Florent. Lors de la sortie de Gran Turismo 7, j’avais précommandé le jeu dans l’espace culture d’une grande surface et je l’ai payé un peu moins de 62 euros. Un ami l’a pris en version dématérialisée et l’a payé au prix fort 80 euros. »
Dans l’autre sens, un jeu en boîte (ou même parfois sans boîte, avec juste un CD dans un étui) pourra toujours se prêter ou se rendre. « Un jeu physique conserve une certaine valeur marchande (certains jeux voient leur valeur dépasser largement leur prix initial de vente) et offre la possibilité de le revendre, ce qui impossible pour un jeu téléchargé », reprend ainsi Thibaud. « Acheter la version physique permet de revendre le jeu pour amortir le coût ou à l’inverse permet d’acheter un jeu d’occasion », abonde Damien. De là à dire que le passage au dématérialisé est sciemment orchestré pour casser ce marché de l’occasion, il n’y a qu’un pas que nos lecteurs sont souvent prêts à franchir.
Un indispensable des collectionneurs
A part quelques soldes chez certains vendeurs, le dématérialisé n’aurait-il donc rien pour lui ? « Pas besoin de se promener avec ses jeux sur soi pour une console portable, on a le jeu immédiatement, et les jeux physiques finissent parfois par ne plus fonctionner », estime quand même Jérôme. « Pour moi l’avantage principal du dématérialisé est le fait de ne pas avoir à changer de CD pour les gens qui peuvent jouer à plusieurs jeux dans un laps de temps relativement court », reconnaît aussi Florent. « Je dirais donc que les deux ont des avantages comme des inconvénients mais il est vrai qu’avoir une bibliothèque remplie de jeu reste une fierté », résume Maxence.
Car le jeu vidéo est souvent un loisir de collectionneur. « L’aspect collection, pour moi, est indissociable du gaming », renchérit Florent lorsqu’il liste les différentes raisons de sa préférence pour ce format. « Parce qu’un mur rempli de jeux vidéo, c’est comme une bibliothèque : Sur une liseuse, ça a moins de gueule, revendique Sébastien. Parce que les boîtes et les notices en papier qui puent le neuf sont des madeleines de Proust. » Sans parler des éditions collectors qui proposent des figurines, des posters ou autres petits objets.
Finalement, ce sont tous ces petits détails des versions physiques qui font le sel de ce loisir pour beaucoup. « C’est aussi pour moi plus que simplement consommer, conclut Alex. Le jeu n’est pas simplement fictif dans la console. Il ne sera pas oublié dans mon catalogue. Il sera présent, sujet de discussion pendant un apéro avec mes amis. Acheter en physique permet aussi d’essayer de pérenniser les secteurs de la distribution et des commerces qui en vendent. Car on a besoin de ces lieux : Ils sont importants car ils permettent de transmettre cette culture. »
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