RÉSEAUX SOCIAUXC’est quoi SimpleX, cette plateforme qui attire les comptes extrémistes ?

C’est quoi SimpleX, cette plateforme qui attire les groupuscules extrémistes ?

RÉSEAUX SOCIAUXL’application a enregistré plus de 100.000 téléchargements en seulement quelques semaines
SimpleX est un service de messagerie sécurisée chiffré de bout en bout où il est possible d'envoyer des messages privés et de participer à des conversations groupées.
SimpleX est un service de messagerie sécurisée chiffré de bout en bout où il est possible d'envoyer des messages privés et de participer à des conversations groupées. - Capture écran SimpleX
Hakima Bounemoura

H. B.

Après les déboires judiciaires de Telegram, c’est devenu le nouvel eldorado des extrémistes. L’application SimpleX, fondée en 2021 par le développeur d’origine russe Evgeny Poberezkin, séduit aujourd’hui de très nombreux utilisateurs. Le réseau social a ainsi enregistré plus de 100.000 téléchargements en seulement quelques semaines.

La raison ? L’annonce faite, fin septembre par la plateforme Telegram, de davantage collaborer avec les autorités et de renforcer sa politique de modération, a semble-t-il inquiété de nombreux groupuscules extrémistes, qui ont préféré se réfugier sur la plateforme SimpleX, jusqu’ici très peu connue.

Ni adresse e-mail, ni numéro de téléphone pour s’inscrire

L’application, qui a bénéficié d’une levée de 1,3 million de dollars grâce à Jack Dorsey (l’ancien PDG de Twitter), est un service de messagerie sécurisée chiffré de bout en bout, où il est possible d’envoyer des messages privés et de participer à des conversations groupées. SimpleX ne requiert ni adresse e-mail ni numéro de téléphone pour s’inscrire, attribuant à chaque utilisateur un identifiant anonyme temporaire.

L’application assure ne stocker aucune information concernant ses utilisateurs. Sur son site, SimpleX affirme ainsi qu’elle ne peut pas suivre « votre profil, vos contacts et vos métadonnées » puisqu’elle ne stocke pas les discussions sur son serveur.

Contrairement à Telegram, SimpleX pousse donc le concept de protection des données à l’extrême, ce qui n’est pas pour déplaire aux organisations criminelles et extrémistes. Un niveau de protection des échanges tellement sécurisé que l’application elle-même assure ne pas connaître le nombre exact de ses utilisateurs.

Absence totale de modération

Des groupes néo-fascistes et néonazis ont ainsi trouvé refuge sur cette plateforme, profitant de l’absence totale de modération pour diffuser leur propagande. On y retrouve des anciens de la chaîne Terrorgram, des néonazis et des suprémacistes blancs.

« Une douzaine de groupes extrémistes a déplacé ses activités sur SimpleX depuis la mi-septembre. Parmi eux, une trentaine de chaînes et de groupes néonazis », détaille l’Institute for Strategic Dialogue, un laboratoire qui lutte notamment contre l’extrémisme en Europe.

Pour le média américain Wired, il s’agit du plus grand déplacement sur le numérique opéré par des communautés extrémistes et suprémacistes.