Sex and the AlgorithmSur TikTok, des internautes partagent leurs dates façon Carrie Bradshaw

Sur TikTok, des internautes partagent leurs dates façon Carrie Bradshaw

Sex and the AlgorithmEn ligne, des créatrices de contenus racontent tous les détails de leur vie amoureuse - et ça marche
Sur le modèle de l'héroïne de Sex and the City, les internautes partagent tous les détails de leur vie romantique.
Sur le modèle de l'héroïne de Sex and the City, les internautes partagent tous les détails de leur vie romantique. - Montage d'après Avishek Dos / Sopa / Sipa / Allociné
Quentin Meunier

Q.M.

Sex and the City 2.0. Dans la série des années 1990, Carrie Bradshaw chronique sa vie romantique et sexuelle. Aujourd’hui, des dizaines de créatrices de contenus ont repris le flambeau sur TikTok, où elles racontent le pire et le meilleur de leurs dates, rapporte le média américain Vox, qui dresse aussi la comparaison avec l’héroïne de série.

Sur le réseau social, le hashtag #datingstorytime rassemble par exemple 510.000 publications. Dans ces vidéos courtes, des femmes, la vingtaine ou la trentaine, partagent leurs anecdotes romantiques : stress avant un rendez-vous, idées de lieux sympas à New York, ou débrief d’un rencard particulièrement gênant.

Des dizaines de miliers de likes

Dans les commentaires, les spectatrices (ce sont en majorité des femmes) sont tout aussi investies que devant Sex and the City. « le dating c’est trop épuisant de nos jours », « molly, comment on est passé de « il est trop mignon » à « ça s’est mal terminé » ? il me faut l’histoire MAINTENANT queen ». D’autres sont plus critiques, irrités par le côté trop niais ou trop bling-bling (avec, peut-être un petit fond de sexisme ou de jalousie). « Personne ne me fera croire que tu n’es pas un red flag ambulant », lance une internaute, « c’est censé être une blague ? comment peut-on être aussi superficielle », raille une autre.

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Ça critique mais ça clique. Les vidéos recueillent parfois des dizaines de milliers de likes. Comment expliquer autant d’engagement ? « J’ai probablement tendance à trop partager, mais je suis aussi une narratrice dans l’âme, explique Anne Marie Hagerty dans Vox, une de ces créatrices de contenus. […] C’est comme vivre à travers une série télé, mais TikTok est bien plus intimiste. »

« Comme dans un miroir »

Michelle Knuston, une autre vidéaste, confirme au média américain ce besoin d’identification. « Quand vous êtes enceinte, vous savez quoi poster : le gender reveal, les vêtements de bébés, les prénoms que vous aimiez mais que vous navez pas gardé - un rythme avec lequel les gens sont familiers. Je pense que le fait de dire "Voici le date auquel je suis allé et j’ai tout raté" permet aux gens de se voir comme dans un miroir et se dire "Ca m’arrive aussi, mais je ne le partagerais jamais sur Internet." »

Les hommes qui apparaissent dans ces histoires, eux, ne sont pas toujours réceptifs. Molly Rutter, 156.000 abonnés, a par exemple raconté l’histoire d’un date qui a voulu lui faire supprimer une vidéo où il était mentionné (mais n’apparaissait pas). Or, le créneau s’avère lucratif. Comme toutes créatrices de contenus, ces nouvelles Carrie Bradshaw sont rémunérées en fonction de leurs statistiques. TikTok rémunère même certains influenceurs directement en fonction de leur nombre de vues. « Je n’avais pas dit que la vidéo était déjà virale, détaille Molly Rutter. J’ai regardé l’argent que j’allais faire, et j’étais en mode "Impossible que tu me prives de 500 dollars (environ 455 euros)." » Malheureuse en amour peut-être, mais heureuse en affaires.