« Blogue », « mot-dièse », « vidéoinfox »… Petit top des mots français de l’informatique
Y a un Bogue•Pour la journée mondiale du « blogue », petit étalage de termes francophones un peu désuets du champs lexical de l'informatiqueQuentin Meunier
Ce samedi, c’est la Journée mondiale du blog. Ou plutôt du « blogue », diront certains. En effet, cette année, on fête les dix ans de l’adoption de ce terme francisé par la Commission d’enrichissement de la langue française (Celf).
Ce dispositif interministériel, créé en 1996, se donne pour but de favoriser la langue française dans l’adoption de nouveaux mots, en particulier lorsqu’ils sont liés à un vocabulaire technique. En plus de « blogue », petit florilège de termes informatiques qui ont été adoptés, mais qui sont très peu usités et, il faut le concéder, souvent un peu ringard.
« Bogue » et « Cédérom », les équivalents phonétiques
Très proche de l’anglais « bug », un bogue désigne un problème informatique. Malgré la proximité, le sens original (insecte VS la protection des châtaignes) est bien différent.
Dans le même genre, la commission permet l’usage de cédérom avec cette écriture phonétique. C’est vrai que « disque compact à mémoire en lecture seule » est un peu long à prononcer. Mais pas sûr que cette version soit vraiment plus nécessaire que le sigle CD-ROM, d’autant que « cédé », lui, n’existe pas.
Attention aux fouineurs et aux arroseurs
Laissez tomber le terme « hacker ». En plus de pirate informatique, la Celf propose l’usage de « fouineur ». Malheureusement, le mot convoque plus l’image d’un marginal qui traîne dans le square local plutôt que le cliché hollywoodien celui du génie qui tape à toute vitesse sur son clavier.
La commission recommande aussi l’appellation « arroseur » pour « spammer », les personnes qui envoient des torrents de messages ou de contenus indésirables. Le terme anglais « spam », lui, désigne d’abord une marque de viande en conserve, et gagne son association avec le contenu indésirable grâce à un sketch des Monty Python
Les petits nouveaux : « Vidéoinfox » ou « Hypertrucage »
Depuis quelques années, les progrès de l’intelligence artificielle ont rendu possible les « deepfakes », des modifications de vidéo très avancées. La Celf recommande plutôt le terme de « vidéoinfox ». L’Office québécois de la langue française, lui aussi très investi dans la promotion de la francophonie à travers la création de néologisme, emploie plutôt « hypertrucage ».
Très descriptif : « Mot-dièse »
Sur l’Internet francophone, et notamment sur X (ex-Twitter), les internautes croisent des « mots-dièses », et non des hashtags. L’expression a l’avantage de ne laisser aucune place à l’interprétation, c’est un peu comme si « liker » se disait « pouce en l’air-iser ». Au moins, elle forme une très belle paire avec le verbe « arobaser ».
« Ordinateur », l’exception française
Moins connu, un terme aussi commun qu’ordinateur est une spécificité francophone. Alors que le nom de l’appareil ressemble à l’anglais « computer » dans de nombreuses langues ( « computadora » en espagnol, « kompyuter » en russe, « konpyuta » en japonais), le français a fait le choix de son propre terme.
C’est IBM France qui a introduit le terme « ordinateur » en 1955. L’entreprise a pour cela fait appel à un professeur de philologie latine de la Sorbonne, Jacques Perret. Le mot s’inspire d' « ordonnateur », utilisé pour désigner des administrateurs gouvernementaux du XVIIIe siècle, ainsi qu’une machine à calculer de 1911.