ARNAQUEComment de faux articles sur des célébrités font la promo de cryptomonnaies

Comment de faux articles sur des célébrités font la promo de cryptomonnaies sur X et Facebook

ARNAQUELes images de Jamel Debbouze, Vincent Cassel ou Élise Lucet ont été utilisées pour « faire du clic »
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Gare au Fake ! Depuis quelques mois circulent, sur plusieurs réseaux sociaux, de fausses interviews de célébrités, de faux articles aux titres outranciers ou des publicités usurpant des logos d’organes de presse.

Leur objectif ? Cibler massivement les internautes pour promouvoir des sites d’investissement en ligne et de cryptomonnaies

Pour attirer les clics, ces faux articles inventent en effet des déclarations ou des incidents autour de personnalités populaires comme Vincent Cassel, Francis Cabrel, Cyril Lignac, Élise Lucet ou encore Jamel Debbouze.

Le cas Jamel Debbouze

L’humoriste est ainsi apparu menotté par la police australienne, au motif qu’une « erreur lui aurait coûté sa carrière ». Il s’agissait en réalité d’un montage réalisé à partir d’une photo montrant l’arrestation d’un manifestant, à Sydney, en 2021 !

Mais en cliquant sur le lien de la publication, l’internaute se retrouvait face un faux article du quotidien Le Monde, censé révéler une « astuce d’enrichissement facile » dévoilée par Jamel Debbouze lors d’un passage télévisé dans l’émission Quotidien.

Une ruse si efficace qu’elle lui vaudrait d’être aujourd’hui « attaqué en justice » par la Banque de France, toujours selon ce récit. Sauf que Jamel Debbouze n’a jamais tenu les propos qui lui sont prêtés dans cette prétendue retranscription de son passage dans l’émission en 2017.

Une vraie « industrie de l’arnaque »

Si ce phénomène commence à toucher le réseau social X, cette « industrie de l’arnaque financière » est active depuis un moment sur Facebook, selon Alexandre Alaphilippe, directeur exécutif de l’ONG de lutte contre la désinformation EU DisinfoLab qu’a interrogé l’AFP.

« Les campagnes visant à provoquer du clic ont mis en place des mécanismes de contrefaçon de marques ou de fausses déclarations de personnalités – avec des titres très "attrape-nigaud" – dans des publicités régulières sur la plateforme (de) Meta », a-t-il détaillé.

Ces contenus reprennent plusieurs codes de précédentes campagnes d’arnaque menée sur la plateforme, qu’il s’agisse de « Facebook Hustles » (dévoilée dans une enquête du groupe de lutte contre la désinformation CheckFirst) ou de cet ensemble de 242.000 fausses pages Facebook repérées par l’ONG Reset et qui diffusaient des contenus pro-Kremlin comme des arnaques financières.

« Les publicités frauduleuses utilisaient différentes tactiques pour gagner du trafic sur Facebook, telles que des redirections trompeuses, du typosquatting (l’utilisation de noms de domaines de sites reconnus du public) et de fausses pages d’accueil », résume le rapport de Reset.

Les utilisateurs trinquent et Meta croque

Ces pubs sponsorisées amènent en outre l’annonceur à rémunérer Meta – qui compte parmi les trois principaux acteurs de la publicité numérique mondiale avec Google et Amazon – afin de les rendre plus visibles et ciblées.

Contacté par l’AFP, le groupe Meta se limite à indiquer que ses « équipes restent déterminées à poursuivre leur travail pour supprimer les contenus et les comptes » qui enfreignent ses règles.

Les pratiques trompeuses en vigueur sur la plateforme peuvent pourtant avoir des conséquences importantes : « Les utilisateurs de Facebook ne sont pas en sécurité sur la plateforme parce qu’ils peuvent se faire avoir et donner de l’argent à des cybercriminels », explique Alexandre Alaphilippe.

Des contenus coupables de « harcèlement »

Sur X (anciennement Twitter), nombre d’utilisateurs déplorent l’omniprésence de ces contenus trompeurs promus dans leur fil d’actualité, certains dénonçant même une forme de « harcèlement ».

Face à l’ampleur des publications trompeuses les concernant, certaines célébrités réagissent. Élise Lucet, présentatrice de Cash Investigation, a ainsi dénoncé une « arnaque » et appelé ses abonnés à se méfier de ces promotions pour des « sites de cryptomonnaie ».

Notre dossier « Arnaques »

Le groupe Le Monde a, quant à lui, indiqué à l’AFP son intention de déposer plainte contre X pour « usurpation d’identité numérique et contrefaçon de marque ».