Pourquoi appelle-t-on parfois les fonctionnaires des « ronds-de-cuir » ?

Pourquoi appelle-t-on parfois les fonctionnaires des « ronds-de-cuir » ?

La question du jourC'est un drôle de sobriquet utilisé pour parler des fonctionnaires. Mais quelle est son origine ?
Claire Frayssinet

Claire Frayssinet

Les fonctionnaires n'ont pas toujours eu bonne presse auprès de leurs concitoyens. On a souvent critiqué leurs horaires, jugés peu contraignants, leur absentéisme supposé ou leur manque d'appétence au travail.

Ces reproches se sont cristallisés, à une certaine époque, dans une expression, celle de "ronds-de-cuir". Elle a été popularisée par un roman satirique, "Messieurs les ronds-de-cuir", paru en 1891. L'auteur en est Georges Courteline, connu surtout pour avoir écrit de courtes pièces à l'humour grinçant, comme "Les Boulingrin" ou "Le commissaire est bon enfant".

Sous-titré "Tableaux de la vie de bureau", ce roman met en scène des fonctionnaires étriqués, qui ne semblent penser qu'à leur avancement et à la meilleure manière d'en faire le moins possible. Mais pourquoi Courteline a-t-il appelé ses tristes héros des "ronds-de-cuir" ? L'explication est très simple. Au XIXe siècle, les bienfaits de l'ergonomie n'avaient pas encore été découverts et nul ne se souciait vraiment du confort des employés de bureau.

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Aussi devaient-ils rester assis, durant de longues heures, sur des chaises incommodes, à l'assise dure et au dossier raide. Les réclamations que certains fonctionnaires n'ont pas dû manquer de faire à ce sujet sont sans doute restées dans quelque dossier poussiéreux, que l'administration n'a pas daigné ouvrir.

Alors les employés au fessier endolori ont décidé de prendre les choses en main. Puisqu'on ne voulait pas leur fournir de chaises plus confortables, ils ont pris l'habitude d'apporter des coussins.

Ainsi leurs sièges sont-ils devenus plus moelleux. Et comme ces coussins étaient ronds et faits de cuir, on a fini par surnommer les employés de bureau, qui ne s'en séparaient plus, des "ronds-de-cuir". Et cette expression a tout de suite été entendue dans un sens péjoratif. Elle est vite devenue un terme de moquerie méprisante.

Il ne manquait plus que la calotte sur la tête et les manches de lustrine destinées à protéger leurs vêtements, pour compléter l'uniforme de ces "ronds-de-cuir" besogneux, dont le teint hâve et le le dos courbé trahissaient un travail routinier, accompli dans une atmosphère confinée

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