Nos lecteurs ont leurs « mode muet » et astuces pour échapper à la pression des groupes sur WhatsApp
votre vie votre avis•Entre la sœur qui bombarde le groupe de ses photos de vacances et le frère qui balance ses angoisses d’hypocondriaque, les discussions de famille sur WhatsApp peuvent être source d’angoisseAnna Geslin
L'essentiel
- Depuis la pandémie de Covid-19, les groupes WhatsApp avec des discussions de collègues, amis, mais aussi de famille pèsent de plus en plus dans le stockage de votre téléphone.
- Quand il s’agit de relations familiales, la pression pour répondre, commenter ou s’extasier sur une photo ou une anecdote peut devenir insupportable.
- Alors pour éviter de devenir dingo face au flot de notifications, certains de nos lecteurs nous ont dévoilé leurs petites astuces.
Le smartphone qui vibre toutes les minutes, l’écran qui s’allume dès qu’une notification arrive, l’adrénaline avant d’ouvrir un message… Depuis la pandémie de Covid-19 et le confinement, un grand nombre de discussions WhatsApp a vu le jour avec des groupes de famille, d’amis, de voisins, collègues, etc.
Et chacun interagit à sa manière : il y a la sœur qui bombarde le groupe de ses photos de vacances, le frère qui balance ses angoisses d’hypocondriaque, l’oncle aux blagues sexistes et racistes gênantes, la cousine qui affiche son nouveau-né sous les moindres coutures et le cousin qui raconte sa vie dans des vocaux interminables. Pour certains, les groupes familiaux aident à garder le contact et à prendre des nouvelles. Mais pour d’autres, la pression pour répondre, commenter ou s’extasier sur une photo ou une anecdote peut devenir insupportable. Alors grande éclate ou méga angoisse ? On est allé sonder nos lecteurs pour en savoir un peu plus.
« Mise en sourdine systématique »
Dans l’équipe des points positifs, il y a Marie-Claude qui apprécie WhatsApp car l’application lui permet de communiquer avec ses proches qui sont loin d’elle. De plus, « nous sommes assez intelligents pour ne pas se gêner les uns les autres », ajoute-t-elle. Flavie, elle, ne ressent pas de pression spécifique dans ces groupes où « il s’agit plus d’un journal de bord ou d’une gazette de famille où chacun y met des photos de choses accomplies ou de ses vacances ».
En revanche, puisqu’il n’y a « rien d’urgent » dans ceux-là, c’est « mise en sourdine systématique ». Photos de vacances, progrès des enfants, anniversaires, récap des infos sur les réseaux sociaux… « Un groupe WhatsApp familial, c’est comme le repas de communion d’un neveu mais via les réseaux », résume Fred. « Ça permet d’avoir des nouvelles des uns et des autres, mais pour ceux qui aiment leur tranquillité, passez vite dans la team ''muet'' ! ». Le message est passé.
« Certains se servent de WhatsApp pour afficher et humilier »
Si certains arrivent à passer outre les multiples sollicitations, pour d’autres, cela reste plus compliqué. Léo* se sent souvent « dérangé » par ces groupes lorsqu’il travaille ou pratique du sport. Il a dû mal avec « les blagues sexistes des frères alors que [ses] enfants sont dans le groupe ». Wilfried, lui, a déjà ressenti de la « pression » dans des groupes où des personnes avaient de grandes différences d’âge ou venaient de milieux sociaux différents. Souhaiter les anniversaires en temps et en heure, répondre aux « bonne journée » alors que « des tensions peuvent exister entre certains ». Tout cela peut sembler « hypocrite » comme il l’explique : « On ne connaît pas le degré de sincérité, on se demande si ce n’est pas de la provocation ».
Saddie va même plus loin, en détaillant les dérives qui peuvent découler de ces conversations comme les messages sont visibles par tous les membres. « Certains profitent de ces "preuves" pour critiquer et juger », raconte-t-il. « Des messages ont souvent été utilisés comme arme lors de repas de famille. Certains se servent de l’application pour afficher et humilier, mettre en avant à la vue de tous certaines choses qu’on voudrait laisser privées. Par exemple, si quelqu’un n’est pas disponible pour un événement, un membre peut critiquer ouvertement. » Il conclut : « Ce qui me gêne, c’est que tout ce linge sale est exposé à tout le monde ».
Pour remédier au trop-plein de notifications, certains ont recours à la méthode forte, à l’image de ce père américain qui en janvier 2023 avait fait le buzz avec un message de démission du groupe WhatsApp de sa famille, évoquant « la pression de devoir toujours rire ou aimer ou ajouter des cœurs à chaque pensée, photo et blague de tout le monde ».
Josselin, lui, a décidé il y a un an de se désabonner des albums de photos partagées de sa famille. Il les prévient avant de le faire, et magie… Ça passe ! « Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je me sens bien mieux depuis », affirme-t-il. Finie la pression pour commenter et liker. Quant au groupe WhatsApp de famille, « il est en mode silencieux et archivé. Je ne les ouvre que lorsque je suis dans un bon mood ». Léo n’a pas cette même chance : « Si je quitte le groupe, ma sœur le sait et me rajoute à nouveau sans ma validation ». Pas de bol.
*Le prénom a été modifié
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