Threads : Avec déjà 30 millions de comptes, que vaut l'appli de Meta qui veut achever Twitter?
rivalité•Avec sa nouvelle appli de microblogging, Mark Zuckerberg veut achever Elon Musk pendant que l’oiseau bleu a du plomb dans l’ailePhilippe Berry
L'essentiel
- Le groupe Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi Threads, une application de microblogging, inspirée de Twitter.
- Présentée comme l’application de conversation écrite d’Instagram, elle est disponible dans 100 pays, sauf dans l’Union européenne.
- Threads a enregistré 30 millions d’inscriptions en une demi-journée, a annoncé jeudi le patron de la maison-mère de Facebook Mark Zuckerberg.
De notre correspondant aux Etats-Unis,
En attendant un éventuel combat dans une cage MMA entre Mark Zuckerberg et Elon Musk, la rivalité entre les deux milliardaires se joue sur le Web. Meta a lancé Threads, sa réponse à Twitter, dans la nuit de mercredi à jeudi, avec une appli de microblogging disponible sur iOS et Android dans une centaine de pays.
Threads a déjà enregistré 30 millions d’abonnés en une demi-journée, a annoncé jeudi le patron de la maison-mère de Facebook, Mark Zuckerberg. Cette nouvelle plateforme inspirée de Twitter est présentée comme l’application de conversation écrite d’Instagram, autre réseau social de Meta. La France et l’Union européenne devront patienter, après les revers de Meta pour violation du Règlement européen sur la protection des données (RGPD), avec une appli qui collecte une multitude de données, y compris financières et sur la santé, selon l’avertissement publié par iOS.
Voici nos impressions à chaud sur ce clone de Twitter, encore limité, qui pourra à terme se connecter au « fediverse », ces réseaux fédérés et décentralisés comme Mastodon.
Les premiers pas : Threads exploite le levier Instagram
Quand on démarre sur un réseau social, c’est en général morne plaine. Mais Threads est une appli qui joue les compagnons d’Instagram, version textuelle. Il faut donc un compte Insta pour s’y connecter. Cela veut dire que les personnes vérifiées sur Instagram le sont également sur Threads, et qu’on peut suivre par défaut les mêmes comptes. Vos amis ne sont pas encore là ? Pas de problème : on peut les suivre par avance – et on est prévenu dès qu’ils arrivent sur la nouvelle plateforme. On peut aussi partager un Thread en story ou en post sur son compte Instagram. Attention avant de s'engager: il n'est pas possible pour l'instant d'effacer son compte Threads sans supprimer son compte Instagram. Adam Mosseri, le patron des deux applis, a précisé qu'ils travaillaient à une solution.
Avec deux milliards d’utilisateurs actifs mensuels sur Instagram, Meta bénéficie d’un levier extraordinaire. En une demi-journée, Threads a déjà passé le cap des 30 millions d’utilisateurs. Et vu les difficultés technologiques et économiques de Twitter, on pourrait assister à un exode massif.
Les comptes : Qui est déjà là ?
Testé depuis plusieurs semaines, Threads peut compter sur de nombreux « power users », y compris institutionnels. Il y a des célébrités, comme la chanteuse Shakira, qui compte plus de 100.000 followers, le pilote de Formule 1 Lando Norris ou Shaquille O'Neal. On compte également des géants du streaming (Netflix et Spotify), des médias (Washington Post, Fox News et NBC News), quelques hommes politiques, comme le gouverneur de Californie Gavin Newsom, mais pas encore Joe Biden ou Donald Trump. Si des superstars comme Kim Kardashian ou Beyoncé débarquent, les annonceurs publicitaires pourraient vite suivre et consacrer une partie de leur budget à Threads.
Les fonctions : Un clone de Twitter encore limité
L’interface, épurée, ne dépaysera pas les habitués de Twitter, BlueSky ou Mastodon. On peut créer un « thread » (fil), en choisissant si on veut une audience publique ou limitée à ses followers ou aux personnes mentionnées. L’équivalent d’un « RT » (retweet) est un « repost », avec ou sans citation.
Si Threads veut avant tout privilégier les conversations publiques textuelles, on peut malgré tout partager jusqu’à 10 photos et vidéos par message. Grosse limitation : il n’y a pas encore de hashtags, et la recherche ne sert qu’à trouver des comptes – et pas des thématiques. Pas de rubrique « explorer » pour l’instant, ni de sujets tendances, ni de liste. Threads est limité à son flux, qui mélange les comptes suivis et les messages publics choisis par l’algorithme. Impossible pour l'instant de choisir un affichage antéchronologique limité uniquement aux comptes que l'on suit, mais toutes ces fonctionnalités manquantes devraient être ajoutées, a promis Mosseri.
L’avenir : On attend l’intégration du « Fediverse »
Au lancement, Threads ne supporte pas ActivityPub, le protocole ouvert pour les réseaux sociaux décentralisés comme Mastodon. Mais à terme, Threads doit rejoindre le « Fédiverse » (un mot-valise sur « fédéré » et « univers », qui désigne l’ensemble des réseaux décentralisés). Meta promet qu’il sera alors possible d’interagir avec les utilisateurs sur d’autres plateformes, ou d’emmener ses followers si on quitte Threads. Elon Musk peut s'inquiéter.
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