COPYRIGHTMegaUpload: Kim Dotcom tente de démonter l'acte d'accusation

MegaUpload: Kim Dotcom tente de démonter l'acte d'accusation

COPYRIGHTIl conteste deux points compromettants...
Philippe Berry

Philippe Berry

A la lecture des 70 pages de l'acte d'accusation des autorités américaines contre la «mega-conspiration» de MegaUpload, les experts juridiques ne donnaient pas cher de la peau du site et de ses fondateurs. Mais lundi, dans une interview à TorrentFreak, Kim Dotcom dessine les premières lignes de sa défense, en attendant la décision sur son extradition, qui doit tomber cet été.

Un MP3 personnel légalement acheté

La cour de Virginie cite notamment une chanson de 50 Cent «partagée par l'accusé, que n'importe qui sur Internet pouvait télécharger». Faux, répond, Dotcom. D'abord, le titre n'était pas illégal (il dit l'avoir acheté). Surtout, il affirme qu'il n'a pas été partagé. «Le nombre de téléchargements est de zéro. Le lien a été envoyé avec la fonction d'email privé à notre ingénieur en chef pour tester une fonctionnalité de mise en ligne», explique le fondateur du site, actuellement en liberté surveillée en Nouvelle-Zélande. Il avance la même explication pour une chanson de Louis Armstrong.

Un accès direct fourni aux labels pour effacer les fichiers illégaux

L'enquête du FBI affirme que MegaUpload traînait des pieds pour effacer les fichiers illégaux signalés par les ayants-droit –comme l'y oblige la clause du safe-harbor. Dotcom conteste ce point. Non seulement MegaUpload effaçait les liens, mais le site fournissait à de nombreux acteurs de l'industrie un accès direct pour qu'ils puissent supprimer directement les contenus illégaux, sans même passer par une demande officielle.

Il cite un email prouvant que le quota de Warner Bros avait même été monté à 100.000 liens par jour. Cette porte-dérobée, le label l'a utilisée à près de 2 millions de reprises, contre 127.000 fois pour Disney et 17.000 pour la RIAA (représentant de l'industrie du disque).

Des pourparlers pour une offre légale

Pour un site «criminel», MegaUpload était plutôt fréquentable. Dotcom affirme que de nombreuses entreprises, notamment à Hollywood, avaient des comptes professionnels. Et selon lui, des pourparlers avancés étaient en cours afin de mettre en place une offre légale de téléchargement rémunérant les ayants-droit.

Surfant sur les thèses conspirationnistes, il spécule sur un possible «cadeau» du gouvernement américain aux lobbies hollywoodiens, riches contributeurs de la campagne d'Obama. «Si j'étais un candidat républicain, je demanderais une enquête», conclut-il.

D'autres éléments embarrassants

Kim Dotcom ne parle pas, en revanche, d'autres fichiers –a priori illégaux– mis en ligne ou téléchargés par ses associés, évoqués dans des emails internes (des épisodes de Seinfeld et des Sopranos, entre autres). Le programme de rémunération des internautes ayant uploadé les fichiers les plus populaires est également passé sous silence.

Il peut toutefois compter sur un coup de pouce inattendu du système judiciaire américain. Les autorités ont choisi une action au pénal, et pas au civil. Elles ne devront donc pas simplement montrer que les accusés enfreignaient la loi, mais qu'ils le faisaient délibérément, en toute connaissance de cause. Selon des avocats de l'université de Stanford, la partie est «loin d'être gagnée» pour l'accusation.