MegaUpload: «Je ne suis pas le roi des pirates», jure Kim Dotcom
COPYRIGHT•Le fondateur de MegaUpload a accordé sa première interview télévisée à une chaîne néo-zélandaise...Philippe Berry
Près de six semaines après son arrestation choc, et dix jours après sa libération sous caution, le fondateur de MegaUpload, Kim Dotcom, parle. Jeudi, il la répondu aux questions de 3 News, en Nouvelle-Zélande.
(la vidéo complète disponible sur le site de 3 News)
«C'est comme de vivre un cauchemar», commence Dotcom. Le géant d'origine allemande jure que l'action du FBI était «complètement inattendue» et que son mois en détention provisoire a été «horrible», surtout pour sa femme, enceinte de jumeaux.
«Nous ne pouvons pas faire la police»
Sans surprise, il s'abrite derrière la clause du «safe harbour» du Digital Millennium Copyright Act américain de 1998. «Les fournisseurs de services Internet ne peuvent pas être pénalement responsables pour des actions de leurs utilisateurs», explique-t-il.
Il fournit quelques chiffres, pour remettre les accusations en perspective. Chaque seconde, 800 fichiers étaient transférés par MegaUpload. Cela fait 70 millions par jour, et 25 milliards par an. «Nous ne pouvons pas faire la police, c'est la même situation pour YouTube», explique-t-il, ajoutant: «En plus, les lois sur la vie privée nous interdisent d'analyser les comptes de chaque utilisateur.»
Selon la loi américaine, les ayants-droit peuvent faire la demande, au cas par cas, pour retirer des fichiers en cas d'infraction. «Nous nous sommes toujours exécutés», affirme Dotcom, précisant que plusieurs dizaines de millions de fichiers ont été retirés. Selon lui, MegaUpload allait même plus loin en fournissant un accès direct aux ayants-droit pour qu'ils puissent effacer directement des contenus, sans même devoir faire une demande officielle.
«Je suis une cible facile»
Reste ces emails internes problématiques, dans lesquels des dirigeants évoquaient avoir eux-mêmes téléchargé un fichier illégal, selon l'acte d'accusation. Là encore, Dotcom se réfère au procès Viacom vs YouTube (un cofondateur de YouTube demandait à l'autre «d'arrêter d'uploader des vidéos illégales»), gagné par Google. «A côté de ces emails, nous sommes des agneaux», jure le fondateur de MegaUpload.
Des agneaux «sacrificiels», estime-t-il. «Je ne suis pas le roi des pirates. Je suis un entrepreneur, et j'ai créé un site Web populaire qui répondait à un besoin» Selon lui, Hollywood est «largement responsable» de l’essor du piratage. «Quand vous avez des trailers pour un film partout dans le monde, mais qu'un ado de 13 ans doit attendre six mois après la sortie américaine pour le voir en France ou en Allemagne, bien sûr qu'il va télécharger», poursuit-il. Pour lui, la seule solution à l'heure d'Internet, c'est un «accès global au même moment partout dans le monde» à tous les contenus.
«Je suis une cible facile, je ne suis pas Google, mais je vais me battre jusqu'au bout, et je vais gagner», conclut-il. Il sera dans un premier temps fixé sur son avenir en août, avec la décision attendue sur son extradition vers les Etats-Unis.