«Starcraft 2»: Succès attendu, mais pas mérité
JEUX VIDÉO•e deuxième opus sort mardi 27 juillet en France...M. P. (qui a bien testé le jeu...)
Douze ans. C’est le temps qui sépare la sortie de "Starcraft" et celle de sa suite. En France, c’est ce mardi que le jeu sort en magasin. Douze ans, dans l’univers du jeu vidéo, c’est énorme. Les ados qui assouvissaient leur désir de destruction en construisant des bases imprenables et en créant des armées invincibles sont aujourd’hui aux portes de la trentaine. Beaucoup ont donc changé de passion, comme Bertrand Grospellier, aka Elky, ancien joueur émérite désormais reconverti en star du poker. "Starcraft 2" atteindra-t-il les sommets de son prédécesseur?
Un jeu plus si innovant
Lors de sa sortie en 1998, Starcraft est un ovni: une histoire qui tient la route, une grande diversité liée à la gestion de trois races (Zerg, Protoss, Terrans) et un système de classement des joueurs sur Internet. Le jeu est le plus vendu en 1998 et récolte un Origins Award du meilleur jeu de stratégie sur ordinateur. Bref, une success story qui prend toute son ampleur en Corée du Sud où les meilleurs joueurs sont élevés au rang de stars et participent à des émissions télévisées.
"Starcraft 2" a donc un énorme défi à relever, dans un marché du jeu vidéo beaucoup plus concurrentiel qu’en 1998. Surtout que les trois recettes du succès du premier opus n’ont pas évolué en 12 ans. Certes, le graphisme du nouveau jeu s’est affiné, mais aucune nouveauté notable n’est à mettre au crédit du jeu. «Le changement pour le changement n’est pas forcément une bonne chose», reconnait d’ailleurs le vice-président de Blizzard, Franck Pierce. Alors, s’afficher dans la continuité est-il un avantage ou un désavantage?
Un souci de rentabilité qui agace
Une question se pose alors: si le jeu n’est pas révolutionnaire, pourquoi a-t-il mis tant de temps à sortir? En 2002, Blizzard vient de sortir "Warcraft 3", fonctionnant sur le modèle de Starcraft, et décide de s’atteler au développement de…"Starcraft 2", déjà. Sauf qu’entre 2003 et 2010, Blizzard trouve sa poule aux œufs d’or: World of Warcraft. Ce Mmorpg [jeu de rôle en ligne massivement multijoueur] fonctionnant par abonnement attire 11,5 millions des joueurs et rapporte beaucoup d’argent – 1,1 milliard de dollars en 2009, soit la moitié des bénéfices d’exploitation d’Activision Blizzard. Du coup, la sortie de "Starcraft 2" ne presse pas.
Blizzard relance le développement du jeu en 2007 et tient ses fidèles en haleine en leur assurant une sortie prochaine du jeu. Les mois passent et la seule information que les éditeurs acceptent de divulguer ne fait pas plaisir: le jeu sera divisé en trois épisodes – le volet «Wings of liberty» axé sur les Terrans devrait être suivi de «Heart of Swarm» qui s’intéresse aux Zerg et enfin de «Legacy of the Void» qui fait la part belle aux Protoss. Les joueurs ne sont pas dupes, ils savent que suivre cette nouvelle aventure leur coûtera trois fois plus cher et qu’entre chaque épisode il faudra à nouveau patienter.
Mais un succès quasi assuré
Malgré tout, la magie Blizzard devrait une nouvelle fois opérer. Près de 800.000 copies du jeu ont déjà été précommandées aux Etats-Unis. Selon le site spécialisé Video Game Chartz, trois millions d’exemplaires devraient être vendus en une semaine. D’ailleurs, le Pdg d’Activision Blizzard, Bobby Kotick, fait de "Starcraft 2" l’un des cinq «piliers d’opportunités» de la firme: il devrait donc rapporter entre 500 millions et 1 milliard d’euros.
Pour ce faire, il pourra compter sur l’expérience engrangé avec "World of Warcraft". L’une des forces du jeu est la mise en place de communauté. Celle-ci se développe à la fois dans le jeu par le biais de mode multijoueurs et des moyens de communication, mis aussi hors du jeu sur des forums dédiés. Bref, tout ce qu’il faut pour attirer des foules de joueurs dans les magasins.