SOURIEZ !Comment réaliser des photos pas trop clichées avec son smartphone

Salon de la photo : Comment sublimer ses clichés en jouant sur les réglages méconnus de son smartphone

SOURIEZ !Grâce à quelques réglages qu’il faut parfois oser appréhender, nos smartphones peuvent réaliser de bien meilleures photos
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

L'essentiel

  • Alors que le Salon de la photo se tient du 10 au 13 octobre à la Grande Halle de la Villette à Paris, le smartphone reste le premier appareil photo utilisé pour réaliser des prises de vues.
  • Si la plupart des utilisateurs se contentent d’appuyer sur le déclencheur de leur terminal numérique, il est possible de parfaire ses images à l’aide des réglages avancés.
  • En jouant sur le format d’enregistrement, l’exposition, les contrastes… et en effectuant quelques retouches, il est ainsi possible de flirter avec la photo « pro ».

On ne les appelle plus trop « photophones », mais nos smartphones n’en ont jamais autant fait pour la photo ! Samsung, Apple, Xiaomi, Honor… ne cessent de mettre en avant les possibilités de leurs terminaux à chaque génération plus développées pour nous aider à mieux photographier et… nous regardons souvent ailleurs ! Alors, comment optimiser nos prises de vues en allant au-delà d’un simple appui sur le déclencheur ? 20 Minutes a demandé à deux experts leur éclairage.

Le fomat RAW pour mieux retoucher

« D’abord, on nettoie systématiquement les lentilles du module photo de son smartphone ! », rappelle judicieusement la photographe Emma Pict (emma_pict sur Instagram), membre de streetphotographyfrance.fr et adepte de photo macro. En plus de son boîtier (GX80, de Panasonic), elle ne se sépare jamais de son iPhone pour traquer les belles images. « Le smartphone est un complément indispensable, notamment pour les scènes qui se passent très vite ». Mais une fois supprimées les traces de doigt sur les lentilles, comment aller plus loin ?

Une photo d'Emma Pict prise au smartphone pour saisir l'instant.
Une photo d'Emma Pict prise au smartphone pour saisir l'instant. - Emma Pict

« J’enregistre tout au format RAW (non dégradé). Cela me permet de faire de la post-production et d’avoir un niveau de qualité bien meilleur qu’en JPEG », poursuit Emma Pict. « Grâce au RAW, on peut ainsi retoucher l’exposition, les contrastes, la balance des blancs et atteindre dans un second temps un niveau que le smartphone ne pourrait pas donner lui-même ». Pas besoin d’effectuer ce réglage systématiquement au moment de la prise de vue, il peut être automatisé et activé en amont dans les paramètres, ce qui permet de dégainer son smartphone à tout moment.

A défaut de photographier en RAW et de passer du temps en post-production à retoucher ses photos, il est possible de jouer sur certaines valeurs au moment de la prise de vues. La principale reste sans doute l’exposition, qui permet d’augmenter ou de diminuer la luminosité de l’image que l’on va prendre. « J’ai appris qu’il vaut mieux avoir une photo plutôt sous-exposée que surexposée, car on peut récupérer beaucoup plus d’éléments en retouche que si l’on a cramé la prise de vue en la surexposant », conseille Emma Pict. Ensuite, place au cadrage.

Le cadrage et la règle des trois tiers

« C’est selon moi l’aspect le plus important. Il faut faire attention de toujours respecter la règle des trois tiers verticale et horizontale pour bien cadrer une photo », commente le photographe animalier Mathieu Courdesses (mathieucourdesses sur IG). La règle des trois tiers ? Elle consiste à diviser le cadre de la photo en trois bandes verticales et horizontales à l’aide de lignes imaginaires. En plaçant son sujet à l’intersection de ces lignes, à gauche ou à droite de l’image, le photographe le met naturellement en valeur. Dans leurs réglages photo, la plupart des smartphones permettent d’afficher ces lignes à l’écran. Ne pas s’en priver, on apprend beaucoup en les utilisant.

La règle des trois tiers, pour mettre en valeur son sujet.
La règle des trois tiers, pour mettre en valeur son sujet. - Christophe Séfrin/20 Minutes

Mathieu Courdesses, qui est auteur de livres* et réalisateur de vidéos pour sa chaîne YouTube, privilégie évidemment pour photographier les animaux sauvages un reflex (Canon) avec des zooms de 400 et 500 mm («pour être au plus près de l’animal et obtenir un piqué irréprochable »). « En revanche, ajoute-t-il, ce qui est intéressant est que les photos prises au smartphone dans le cadre de mon activité donnent un indice direct sur la distance qui me sépare de l’animal. Pour le public, c’est une autre forme d’immersion grâce à laquelle on partage la séance du photographe ». Séance que Matthieu fait vivre dans ses stories Instagram au format vertical, « plus esthétique sur un écran pour une girafe, certaines gazelles ou le guépard qui est très longiligne ».

Le photographe animalier Mathieu Courdesses dans son film « La Montagne aux lions », disponible sur YouTube.
Le photographe animalier Mathieu Courdesses dans son film « La Montagne aux lions », disponible sur YouTube. - Capture

En revanche, le jeune photographe de 30 ans réservera les réglages avancés (exposition, focale…) à son reflex, préférant « la simplicité du smartphone ». Qui possède aussi ses limites selon lui : « même avec le mode Portrait de l’iPhone, le second plan manque de naturel et d’harmonie ».

Zoom, flash ? Avec parcimonie !

Fort d’un zoom de 500 mm attelé à son boîtier Canon pour photographier le monde animal, Mathieu Courdesses utilisera peu le zoom de son smartphone sur le terrain. Emma Pict guère davantage pour ses photos de rue : « Je ne vais pas au-delà du zoom optique, en numérique, la qualité diminue trop vite », justifie-t-elle. Quelques smartphones (chez Samsung, notamment) permettent grâce à l’IA de compenser la dégradation de la photo due au zoom numérique. Mais pas de quoi aller au-delà de x10 sans que cela se voie.

Ce que la photographe s’autorise plus facilement, c’est le focus manuel, pour faire le point sur une zone particulière de sa photo, notamment les images statiques ou celles dites « proxi », qui s’apparentent dans leur forme à de la photo macro. « Souvent, je couple ce focus avec l’exposition en jouant sur le curseur de l’écran tactile », explique-t-elle.

Flash ou pas flash ? Aujourd’hui, avec des smartphones également dopés par l’IA pour photographier en basse lumière, comme sur les Galaxy S24 de Samsung ou Pixel 9 de Google, on peut largement s’en passer. Quitte, paradoxalement, à obtenir des scènes plus éclairées qu’elles ne le sont réellement !

Après, ce peut être un choix, pour mieux éclairer un visage, ou un parti pris purement esthétique. « De très grands photographes, comme Martin Parr ont fait de l’usage du flash une marque de fabrique. A mon petit niveau, je ne l’utilise pas, je n’aime pas, je suis toujours en lumière naturelle », explique modestement Emma Pict.

Retouches, IA… et le naturel dans tout ça ?

Reste les retouches après la prise de vue. Qui ouvrent le champ des possibles. Soit depuis l’application Photo de son smartphone, soit par le biais d’applications tierces, comme Snapseed, Photoleap, Lightroom. Gratuites ou payantes, elles permettent parfois d’aller assez loin dans la quête de perfection. Ce que permet de plus en plus l’IA : transformation d’un ciel nuageux en ciel bleu chez Apple, suppression d’un objet ou d’une personne indésirables chez Google et via des applis comme Luminar… Gare, cependant, à force de vouloir embellir la réalité, de ne pas trop la trahir !

* « Green & Wild chez Dashbook.

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