Vélo électrique : Pourquoi, avec la courroie, les vélos vont briser les chaînes
MOBILITÉS•Alors que le vélo taf reprend du service avec la rentrée, « 20 Minutes » vous explique pourquoi les vélos électriques à courroie ne possèdent (presque) que des avantagesChristophe Séfrin
L'essentiel
- Avec la rentrée, la pratique du vélo taf ne risque pas de diminuer grâce à de nouveaux convertis au vélo à assistance électrique (VAE).
- Au moment du choix peut se poser la question de la transmission : à courroie où avec une classique chaîne ?
- Bien que plus onéreuse que la chaîne, la courroie semble ne posséder que des avantages, notamment pour des déplacements en ville sans entretien, plus agréables… et plus propres !
Réaction en chaîne. De plus en plus de vélos à assistance électrique (et musculaires) substituent à leur traditionnelle chaîne de transmission métallique une courroie en polyuréthane et fibres de carbone. À tel point que ceux qui ont déjà testé ce système ne jureraient plus que par lui. Quel avantage cette fameuse courroie apporte-t-elle aux cyclistes, qui plus est aux vélotafeurs qui roulent presque exclusivement en ville ? 20 Minutes a convoqué quelques experts pour tout vous expliquer.
10 % des vélos déjà équipés
Cela n’a pas échappé à ceux qui pédalent régulièrement. De plus en plus de vélos à assistance électrique (VAE) ont troqué leur classique chaîne de transmission métallique contre une large courroie.
À base de polyuréthane, elle a fait ses premières et discrètes apparitions dans les années 2000, mais son développement véritable ne date que de quelques années. « La courroie ? On n’en voyait pas il y a 7 ou 8 ans ! Aujourd’hui, on peut estimer qu’elle est présente sur près de 10 % des nouveaux vélos électriques », estime William Perrier, directeur commercial France du groupe allemand Accell (qui représente les marques Lapierre, Haibike, Winora…).
La durabilité : son premier avantage
Face à l’illustre chaîne qui avance avec une durée de vie d’environ 6.000 à 7.000 kilomètres (et un entretien quasi constant), « la courroie opposerait selon les revendeurs une durée de vie d’au moins 20.000 kilomètres », assure Tanguy Andrillon, journaliste pour le site et la chaîne YouTube Transition Vélo, « c’est son gros point fort ».
Composée de différents matériaux (corde de traction, élastomère ultra-rigide, « dents » en nylon…), elle est ainsi extrêmement résistante, avec une durée de vie « deux à trois fois plus longue que celle des chaînes traditionnelles », confirme le fabricant de courroies Carbon Gates. « Et il y a moins besoin de faire des petits réglages, comme avec un dérailleur », ajoute William Perrier d'Accell France. Mais là n’est pas son unique avantage.
Des déplacements plus « smooth »
Selon le directeur commercial, « la courroie permet des déplacements ultra-confortables, plus doux, smooth ». Grâce à la courroie, « on peut aussi passer les vitesses à l’arrêt », rappelle Tanguy Andrillon. Test à l’appui, comme avec le vélo Winora iRide Pure proposé avec chaîne ou courroie, c’est effectivement un bel atout pour redémarrer à un feu tricolore ou à un Stop ! Bref, comme le martèle le journaliste de Transition Vélo, « c’est mieux pour la ville »!
Carrément mieux, même, car contrairement à la chaîne métallique qu’il faut graisser, qui s’encrasse et salit le bas de pantalon, la courroie, elle, ne nécessite aucun graissage (ni entretien) et ne salit pas le costard. Quand bien même elle serait sale, un simple nettoyage au jet suffit pour lui redonner un coup de neuf. Pas besoin de retrouver la burette d’huile dans le garage…
La courroie au même prix ?
Cependant, les choses seraient trop simples dans le monde du vélo (où, en 2023, la fréquentation nationale a augmenté de 5 %, selon Vélo & Territoires), s’il suffisait de remplacer une banale chaîne par une courroie. Pas si facile. Car avec la courroie, nul besoin d’un classique dérailleur, mais d’un moyeu avec vitesses intégrées, ou d’un moteur automatique comme on en voit de plus en plus. D’où surcoût.
« On peut l’estimer de 10 à 20 % », confirme Robin Gabuthy, cofondateur d’Ellipse Bikes, une marque de vélos créée il y a quatre ans, qui a tout de suite proposé à ses clients de configurer leur vélo avec chaîne ou courroie : « la courroie plutôt pour un usage urbain/semi-polyvalent avec un moyeu à vitesses intégrées et suffisamment de rapports pour faire un peu de relief ; la chaîne pour davantage de polyvalence en termes de nombre de vitesses ». Assistance électrique oblige, le VAE a besoin de moins de vitesses qu’un vélo musculaire, jusqu’à cinq le plus souvent. C.Q.F.D.
Attention, si des fabricants comme Ellipse Bikes ou Lemmo proposent sur certains de leurs vélos la transmission par courroie au même tarif que la chaîne, c’est au prix d’un vélo mono vitesse, à réserver exclusivement à la ville. « Une configuration mono vitesse sera suffisante dans 70 % des grandes villes, avec des côtes de 7 à 8 % maximum », justifie Robin Gabuthy. « Ou alors il faut bien pousser sur les pédales », s’amuse Tanguy Andrillon, journaliste pour Transition Vélo !
Pour son iRide Pure, Winora propose de son côté la version dérailleur (avec chaîne) à 2.999 euros. « Il faut compter 700 euros de plus pour le modèle à courroie », admet William Perrier, directeur commercial de la marque et d'Accell France. Qui prend soin d’ajouter : « si cette techno séduit de plus en plus, et qu’il y a toujours davantage de pratiquants, il y aura un repositionnement. L’écart de prix va se réduire ». Jusqu’à ce que la courroie remplace la chaîne ?
Briser les chaînes
« Impossible d’assurer que les chaînes disparaîtront : c’est le meilleur moyen de transmettre de l’énergie à faible coût et avec le meilleur rendement », tempère Robin Gabuthy, d’Ellipse Bikes. Qui ajoute : « Cohabiteront deux marchés parallèles, avec deux budgets et deux usages différents ». D’ici là, reste à former toujours plus de revendeurs et réparateurs sur les (rares) réparations que peut nécessiter une courroie. « Alignement, tension, ce n’est pas aussi simple qu’avec une chaîne », prévient Tanguy Andrillon. Et au risque de faire plus de mal que de bien à sa courroie, mieux vaut éviter de s’y coller soi-même…