VOTRE VIE, VOTRE AVISLa pause numérique au collège, une idée « logique » mais « inapplicable »

Déposer son smartphone en entrant au collège ? « Pertinent », « logique » mais « inapplicable » selon vous

VOTRE VIE, VOTRE AVISLa « pause numérique complète » proposée par la ministre de l’Education vous a fait réagir
Laurent Bainier

L.B.

S’il s’agissait d’un des ballons d’essai que lancent les politiques pour voir si leur idée plaît, il est concluant. En proposant, au détour d’une interview sur France Inter, l’instauration d’une pause numérique complète au collège, la ministre de l’Education nationale Nicole Belloubet a fait mouche.

Vous êtes très nombreux à nous avoir écrit, en réponse à notre appel, pour signifier que vous êtes d’accord avec la proposition. « Très bonne idée, nous dit Bruno. Je ne vois aucun intérêt pour un adolescent d’avoir son portable sur lui pendant la journée au collège. Et si les parents veulent contacter leurs ados, il leur suffit de téléphoner au collège. »

Pour les adultes aussi

Certains militent pour l’interdiction totale des smartphones pour les mineurs, d’autres comme Claude proposent d’étendre la mesure « à tout établissement scolaire et pour les adultes dans tout lieu de réunions ».

Plus mesuré, Bebe partage son expérience : « Je suis professeur en lycée et, oui, le téléphone est devenu addictif pour les élèves qui ne se rendent même plus compte qu’ils le consultent, même s’ils sont polis et respectueux »

Déjà des expérimentations

« Je suis d’accord avec cette mesure, d’une grande logique. Certains l’appliquent déjà dans leur classe », affirme de son côté Christophe. Et justement Virginie a déjà « instauré la dépose du téléphone dans une boîte à l’entrée de ma salle [de cours]. Dès l’heure de la récréation, ils se reconnectent aux réseaux. Cette idée serait bonne. »

A New York, où vit Rémy, la solution est plus techno mais donne tout autant satisfaction : « Une poche est donnée à chaque élève au début de l’année, avec une sécurité aimantée comme un antivol. Quand mon fils rentre dans son collège, l’intendant actionne la poche, et donc le téléphone est impossible d’accès jusqu’à la sortie. Résultat : une attention constante en cours, aucune photo, aucun tweet, aucun post qui pourrait faire du cyber harcèlement, et aucun vol de téléphone. »

Comment gérer les vols ?

Car le vol est l’une des craintes de celles et ceux qui s’inquiètent de la mesure. « Il est impossible d’appliquer cette mesure, cela impliquerait trop de personnels à l’entrée et à la sortie du collège, affirme Thierry. Sans parler des endroits où seraient posés les portables qui seraient vandalisés pour voler les mobiles. »

« Et si quelqu’un déclare que son téléphone a été abîmé ?, s’interroge de son côté Stéphane. Il faudrait un état des lieux avant et après… Comment être sûr que c’est le bon ? Procédure administrative plutôt lourde et nécessitant d’être scrupuleusement suivie par tous… »

Fany qui travaille dans un petit établissement avec seulement 3,5 temps pleins de surveillants s’inquiète, elle aussi : « Comment fait-on dans un établissement pour récupérer les téléphones sans impacter le début des cours ? Pour les stocker de façon sécurisée (ce sont des matériels coûteux) ? Même problème le soir avant le départ des cars scolaires. »

Une solution partielle

Fausse bonne idée, conclut Damien : « L’état cherche encore une énième solution à un problème qui ne se passe pas pendant le temps scolaire mais bien en dehors. Les insultes et autres se font le plus souvent chez soi. (…) C’est aux parents que revient le rôle éducatif, non aux enseignants. » A lire les nombreux commentaires de parents ou de profs en réponse à notre appel, il semblerait que ni les uns ni les autres ne se désintéressent du sujet…