Comment Alexa, 5 ans, a vu ses usages évoluer selon un bêta-testeur de la première heure
ANNIVERSAIRE•Cofondateur avec Rémi Hontang du site lesalexiens.fr, Jean-Christophe Levescot explique à « 20 Minutes » comment l'assistante d'Amazon, depuis cinq ans, s’est intégrée dans nos viesChristophe Séfrin
L'essentiel
- Amazon fête les cinq ans de l’arrivée dans l’Hexagone de son assistante personnelle Alexa.
- Intégrée dans d’innombrables objets connectés, celle qui répond à nos commandes vocales a su trouver sa place dans le quotidien de nombreux Français.
- Mais selon l’un des cofondateurs du site lesalexiens.fr, Jean-Christophe Levescot, Alexa n’est pertinente que lorsqu’on utilise un panel complet de ses fonctions.
«Alexa, quel âge as-tu ? ». « J’ai d’abord vu le jour aux Etats-Unis le 6 novembre 2014, puis en France, le 13 juin 2018 ». L’assistante vocale d’Amazon fête donc ses 5 printemps en France cette année. Et c’est ce jeudi 16 novembre que le géant du web a finalement décidé de souffler ses bougies dans l’Hexagone… comme par hasard la veille du Black Friday !
Intégrée dans une application (Amazon Alexa), dans de nombreux hubs (enceintes connectées, avec ou sans écran) renouvelés régulièrement par son fabricant, et compatible dans des tonnes d’objets connectés (aspirateurs robots, serrures, portails, volets roulants…), Alexa a-t-elle su trouver sa place dans nos vies ? Jean-Christophe Levescot, cofondateur avec Rémi Hontang du site lesalexiens.fr, répond aux questions de 20 Minutes.
Qui sont les Alexiens ?
A l’origine, nous sommes, avec Rémi Hontang, deux ex-bêta testeurs d’Alexa que nous avons découvert bien avant son lancement en France. Amazon a notamment testé notre accent du sud-ouest (nous sommes de la région de Bordeaux) pour voir si son assistante virtuelle était bien compatible ! L’idée était surtout de poser à Alexa tout un tas de question et de remonter les réponses envers ses concepteurs. Nous avons eu ensuite envie de créer un site web dédié et un groupe Facebook qui se sont élargis à la domotique.
En cinq ans, Alexa a-t-elle changé nos vies ?
Je pense que oui, même si « changé » est un grand mot. Le fait est qu’en cinq ans, on est passé avec Alexa d’une assistante vocale un peu gadget avec, grâce à elle désormais, une vraie démocratisation de la domotique. Beaucoup d’utilisateurs se lancent avec une simple ampoule connectée dont ils vont commander l’allumage et l’extinction à la voix, puis faire évoluer leur installation, comme avec des volets tout automatisés.
Point important, nous avons constaté grâce à nos lecteurs et abonnés qu’Alexa avait gagné un vrai public auprès des personnes en situation de handicap. Grâce à l’assistante, il n’est pas forcément la peine de se déplacer pour telle ou telle tâche. Même les personnes non voyantes y trouvent un intérêt.
Demeure-t-il un côté gadget chez Alexa ?
Oui, il y a toutes ces skills (les mini-programmes de l’application Amazon Alexa qui permettent de personnaliser son expérience) qui ne servent pas grand-chose, comme celles pour lui demander de faire le bruit du cochon… ou du pet ! Ça amuse les gamins, mais après, avec Alexa, ce sont les usages du quotidien qui ont une vraie valeur ajoutée.
Quels sont les usages les plus pratiques ?
Personnellement, je m’en sers pour savoir si j’ai du courrier qui est arrivé. Ma boîte aux lettres connectée m’alerte, grâce à Alexa, lorsque le facteur vient de passer. Je m’en sers aussi pour l’ouverture de mes volets, l’utilisation de mon téléviseur… et même pour mes chats avec mon distributeur de croquettes connecté ! Ma sonnette, ma serrure… et mon aspirateur robot sont aussi connectés à Alexa. J’utilise aussi ses services pour lancer Amazon Music, des podcasts, écouter des livres audio.
Et comme je voyage, j’utilise également l’Echo Auto. Pouvoir commander ma musique ou lancer un livre audio, changer de direction sur Waze, à la voix, sans quitter les mains du volant… Alexa est franchement pratique !
Y a-t-il une « killer app » qui existe avec Alexa ?
Il n’y en a pas une qui se distingue. En tout cas, je n’en ai pas forcément une. En revanche, c’est lorsque l’on utilise l’ensemble de ses fonctionnalités qu’Alexa possède un grand intérêt. C’est la synergie qui est intéressante.
Y a-t-il des fonctions inattendues qui peuvent étonner ?
Amazon essaie de rendre Alexa de plus en plus intelligente, mais l’intégration de l’IA tarde encore un peu. Elle va se faire. Si on lui pose une question, une évolution permet néanmoins d’enchaîner depuis peu sur une autre question, et un retour vocal avec des petits mots d’humour qui rendent aujourd’hui l’assistante plus humaine. C'est un premier pas.
Quels sont les principaux défauts ?
D’une part, il y a le manque de fluidité au niveau des conversations. Amazon y travaille d'arrache pied, mais devoir relancer des requêtes commençant par «Alexa...» lorsque l'on a besoin de différents services peut lasser. D’autre part, si l’application Amazon Alexa s’améliore, elle reste encore un peu fourre-tout. Et c’est une catastrophe si on cherche à supprimer des produits que l’on n’utilise plus. Même moi qui en ai déjà connecté une centaine au fur et à meusure de mes essais, j'ai toujours du mal à venir au bout de la manipulation...
Amazon doit-il s’inquiéter face à la montée en puissance de ChatGPT ?
Ils travaillent dessus pour intégrer quelque chose de semblable. Mais Alexa reste normée et bornée. Actuellement, c’est un programme qui n’apprend pas au fur et à mesure, et qui n’est pas génératif, comme ChatGPT. Mais ce n’est pas tout à fait la même utilisation. Avec Alexa, on reste, pour le moment, sur des commandes, sur de l’utilitaire.
Comment voyez-vous Alexa évoluer ?
On constate que les évolutions actuelles sont essentiellement matérielles. La prise en charge récente du protocole Matter est une bonne chose. Ce serait bien d’avoir un système qui puisse fonctionner quelles que soient les plateformes. Amazon travaille aussi sur des demandes contextuelles, des routines multifacteurs, comme « Allume cet appareil et éteint le dans 15 minutes ». Et comme à terme, Amazon va injecter un peu d’IA, on découvrira des services qui vont anticiper les demandes des utilisateurs. Ce sera une bonne chose, à condition que ce ne soit pas trop intrusif.
Et Google Home, le rival d’Alexa, dans tout cela ?
Longtemps, l’assistant de Google était en avance sur sa rivale d’Amazon, mais aujourd’hui, nous constatons que du côté Google, la partie domotique est complètement à la traîne. Google Home, comme SIRI d’Apple, n’évoluent plus trop. En tout cas pour le moment.
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