HIGH-TECHSteve Jobs prend sa plume et explique pourquoi il ne veut pas de Flash

Steve Jobs prend sa plume et explique pourquoi il ne veut pas de Flash

HIGH-TECHEn substance, il estime que le produit d'Adobe appartient à une autre époque: celle des PC et des souris...
Philippe Berry

Philippe Berry

Trois pages. Quand Steve Jobs écrit une lettre ouverte, il ne fait pas les choses à moitié. Jeudi, il a publié un long plaidoyer contre la plateforme Flash d'Adobe. Il y rejette l'argument selon lequel Apple cherche simplement à protéger son apps store (et détourne un peu les discussions de l'iPhonegate). Pourquoi Steve Jobs ne veut pas de Flash sur l'iPhone et l'iPad? Six raisons:

  • «Flash est un système fermé». «Même si les OS de l'iPhone, de iPod et de l'iPad sont propriétaires, nous croyons fermement que les standards du web devraient être ouverts.» Jobs veut donc davantage de HTML5 et moins de Flash.
  • «Les vidéos sur le web ne sont pas disponibles qu'en Flash.» Plus précisément, Jobs note que presque tout le monde (YouTube, CNN, Facebook) offre également «le format plus moderne H.264», lui supporté sur l'iPhone/iPad. Quid des jeux en Flash? «Il y a plus de 50.000 titres pour se divertir sur l'iPhone.»
  • «Flash n'est pas stable». Selon le patron d'Apple, «Flash est la raison n°1 de crash sur Mac» et n'a «jamais bien fonctionné sur mobiles».
  • «Préserver la batterie.» Pour que Flash soit efficace, «il a besoin d'accélération hardware», et selon Jobs, c'est bien trop gourmand.
  • «Le problème du tactile.» De nombreuses animations flash reposent sur les mouvements de la souris, impossibles à retranscrire sur les écrans tactiles. Conséquence: «Il faudrait réécrire la majorité des sites en Flash.»
  • «Flash tire la qualité vers le bas.» Pour Steve Jobs, c'est «la principale raison.» Il parle ici des applications Flash, dont le but est d'être compatibles sur toutes les plateformes. Il rejette ce «dénominateur commun» qui tire la qualité «vers le bas» et préfère que les développeurs utilisent les outils Apple «pour offrir la meilleure expérience possible.»

Beaucoup de points valides, et un peu de mauvaise foi

Steve Jobs n'amène rien de neuf au débat et écarte rapidement le point central (la défense du modèle iTunes/app store). Tous les arguments présentés ont déjà été évoqués. Certains avec justesse: Flash est en effet un système propriétaire et fermé, plutôt buggé sur Mac et pas pensé pour le tactile. En revanche, Jobs oublie de rappeler qu'Apple a sa part de responsabilité en ayant trainé des pieds pour ouvrir son OS aux optimisations hardware.

Concernant le format H.264, de nombreux fournisseurs de contenus y passent simplement pour être disponibles sur l'iPhone et l'iPad. Certains comme Mozilla y sont farouchement opposés (ce format n'est pas ce Graal ouvert que présente Jobs, mais une technologie brevetée dans de nombreux pays, avec des licences à payer au groupe MPEG-LA). Mozilla ou Opera militent faveur du couple OGG/Theora, totalement ouvert.

Il y a enfin une certaine schizophrénie de Jobs à défendre d'un côté une vision «ouverte» du web alors même que l'iPad est l'ordinateur le plus fermé jamais créé. Chaque programme doit être validé par Apple et développé avec les outils imposés par la firme à la pomme. En 1987, la publicité d'Apple «Think Different» était une déclaration d'amour «à tous les fous, rebelles et fauteurs de troubles». L'époque semble bien lointaine.