20 Minutes avec agences
L’Arcom a appelé ce lundi les réseaux sociaux à plus d’efforts et de transparence dans la lutte contre la désinformation. Le régulateur de l’audiovisuel a particulièrement épinglé TikTok dans son rapport publié le même jour.
Pour la troisième année consécutive, une dizaine de plateformes comme Google, Meta (Facebook, Instagram), Snapchat, Twitter ou encore (pour la première fois cette année) TikTok et Pinterest ont répondu aux questions de l’Arcom sur les mesures prises en 2021 pour combattre les « fake news ». Elles y sont obligées par la loi contre la manipulation de l’information adoptée fin 2018.
TikTok sur le fil
L’Arcom observe globalement « une amélioration de la quantité d’informations déclarées » et une « intensification » de la coopération des plateformes. Mais « les efforts de transparence apparaissent toujours très insuffisants ». TikTok, Yahoo et « dans une moindre mesure » Google se démarquent « par l’absence d’informations tangibles » fournies au régulateur.
« TikTok est un cas à part », souligne Benoît Loutrel, membre de l’Arcom. L’entreprise a pris « une place incroyable à une vitesse fulgurante », notamment auprès des jeunes, et le régulateur note un décalage conséquent entre son audience et ses déclarations « particulièrement imprécises ». Le réseau social chinois omet notamment « plusieurs enjeux centraux (signalement, modération) » et ne fournit pas d’éléments chiffrés relatifs à l’Hexagone.
L’Arcom souligne en outre la « mise en œuvre sélective » par TikTok de sa politique d’étiquetage des « médias contrôlés par un Etat ». Le réseau social suscite l’attention du gouvernement. Le ministre chargé du numérique Jean-Noël Barrot a récemment rencontré la direction de TikTok France pour aborder un autre sujet controversé : le transfert des données de ses usagers vers la Chine.
Bientôt des amendes pour les réseaux sociaux
La loi de 2018 montre aujourd’hui « ses limites » car l’Arcom ne peut pas sanctionner les plateformes pour leurs manquements. Mais la loi européenne sur les services numériques (DSA) « va changer la donne », souligne le régulateur dans son rapport. Ce règlement, applicable à l’été 2023, autorise la Commission européenne à infliger aux plateformes des amendes allant jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial.
En France, les organes de contrôle chargés de faire respecter ce texte seront désignés l’année prochaine avec un projet de loi dédié. L’Arcom a déclaré être prête à « travailler » sur sa mise en œuvre en collaboration avec les autorités compétentes. Dans les « semaines et mois à venir », le régulateur sera aussi très occupé par la situation de Twitter, secoué depuis l’arrivée d’Elon Musk à sa tête.