C’est quoi BeReal, cette appli française qui cartonne aux Etats-Unis ?
RESEAUX SOCIAUX•Créée par deux Français, cette application « anti-Instagram » mise tout sur l’authenticitéH. B. avec AFP
Un selfie et une photo de son environnement à une heure différente chaque jour… C’est le principe de BeReal, un réseau social créé par deux Français, qui promet une expérience sans filtre, loin du vernis d’Instagram.
Lancée en 2020, la plateforme cartonne depuis quelques mois, en particulier chez la génération Z, née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010. Elle totalise près de 35 millions de téléchargements, selon des données fournies par le cabinet spécialisé data.ai. BeReal était même début septembre l’application mobile la plus téléchargée aux Etats-Unis (iOS et Google Play confondus) et figurait dans le top 3 en France et au Royaume-Uni.
Une plateforme qui mise tout sur l’authenticité
Ce nouveau réseau social, créé par Alexis Barreyat et Kévin Perreau, formés à l’école de codage informatique « 42 » du milliardaire Xavier Niel, se présente comme une application anti-Instagram. Dès la réception de la notification quotidienne, les utilisateurs ont deux minutes pour lancer l’application et photographier le lieu où ils se trouvent. Leurs amis peuvent réagir en mimant des émojis comme un pouce levé, une moue surprise ou un visage hilare.
Selon Carolina Milanesi de Creative Strategies, l’attrait pour BeReal vient précisément d’un besoin d’authenticité en réaction aux images trop parfaites d’un réseau comme Instagram. « Les gens sont fatigués des portraits parfaitement lisses qui ne reflètent pas la vie réelle », décrit l’analyste. « Pour les membres de la génération Z, cela semble être un terrain fertile étant donné qu’ils veulent montrer qui ils sont, à quoi ressemble vraiment leur vie et comment ils se débrouillent », ajoute-t-elle.
Des doutes sur la gestion de la vie privée
Reste à savoir si BeReal saura s’inscrire dans la durée ou ne sera qu’un feu de paille, comme semble le penser Jennifer Stromer-Galley, professeure à l’école de sciences de l’information de l’université de Syracuse (Etat de New York). « Il n’y a pas de raison claire d’y rester au-delà du voyeurisme consistant à observer les expériences de vie d’autres personnes », estime l’universitaire.
L’application suscite également des questions sur la gestion de la vie privée de ses utilisateurs. « Supposons que la caméra arrière montre un ami, vos enfants, l’endroit où vous habitez ou alors votre bureau ou votre écran d’ordinateur », imagine Jennifer Stromer-Galley, qui s’interroge sur l’usage que pourrait faire de ces données des hackers ou des harceleurs.
Pour l’heure, BeReal continue en tout cas d’intriguer. Instagram a mis au point un prototype aux fonctionnalités similaires, mais a indiqué ne pas être actuellement en phase de test.