GARANTIEFrance Identité, un pas de plus vers une identification numérique fiable

France Identité, un pas supplémentaire vers une identification numérique fiable et solide

GARANTIEChaque citoyen français pourra à terme prouver son identité juste en scannant la puce présente dans les nouvelles cartes d’identité – aussi appelées CNI-e –, mais le dispositif est encore en phase de test
Laure Gamaury

L.Gam. avec AFP

L'essentiel

  • La puce présente dans les nouvelles cartes d’identité numérique des Français pourrait un jour permettre de choisir quelle information divulguer à quel organisme.
  • Pour l’heure, c’est l’appli France Identité, en phase de test, qui fait ses premiers pas pour fournir à terme un niveau élevé de garantie en matière d’identification numérique.
  • Alors que l’Europe affiche ses ambitions avec son portefeuille numérique européen, France Identité permet seulement de scanner les données stockées dans la puce NFC de la CNI-e.

L’application France Identité aura-t-elle le même succès que son grand frère France Connect, dispositif public d’identification sur Internet, mis en service en juin 2016 ? Issue d’un programme interministériel, France Identité doit permettre à terme de prouver son identité en ligne, grâce à la puce NFC présente sur les cartes d’identité biométriques, en circulation depuis l’été 2021. Mais pour l’heure, préparer une hospitalisation, faire une procuration ou ouvrir un compte en banque ne sont des démarches accessibles que pour ceux équipés d’un smartphone utilisant le système d’exploitation Android et disposant de la fonctionnalité de communication à courte portée NFC. Car France Identité est encore en phase de test.

En retard par rapport à ses voisins européens, la France compte bien faire émerger de nouveaux services numériques, comme la possibilité de prouver plus facilement son identité sur Internet ou lors de démarches physiques, avec la possibilité de ne divulguer que certaines informations, par exemple pour prouver sa majorité. Et faire ainsi oublier Alicem, le chantier initié en 2013 qui prévoyait d’utiliser la reconnaissance faciale, abandonné à la suite notamment des alertes de la Cnil.

France Identité va-t-elle pouvoir se substituer à la CNI-e ?

Pour l’heure, les données restent stockées dans la puce NFC de la carte d’identité biométrique. Mais, comme le souligne Marc Nolain, dirigeant de la société AriadNext, auprès de l’AFP, « en 2022, il faut arriver à dériver entièrement sa carte d’identité dans son téléphone », sur le modèle des paiements mobiles sans contact ou du portefeuille Apple disponible aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs un souhait de Bruxelles, qui veut installer durablement son portefeuille numérique européen.

A noter qu’une enquête de l'entreprise Thalès, menée en décembre 2021 sur ce même portefeuille numérique européen, concluait que 85 % des Français étaient prêts à l’utiliser. Les citoyens disent donc « oui » mais France Identité a encore du chemin devant elle pour garantir la sécurité des données. Dans son format actuel, « l’application ne sert pas à grand-chose, considère d’ailleurs Hervé Bonazzi, dirigeant de la société Archipels, une joint-venture créée par La Poste, EDF, Engie et la Caisse des dépôts. Néanmoins, c’est une pièce nécessaire et indispensable à l’avenir de l’identité numérique en Europe », qui devra selon lui réussir à terme à « faire le lien entre différentes données vous concernant » avec le numéro de Sécurité sociale, la mutuelle, le revenu certifié…

A quoi va donc servir France Identité ?

France Identité doit devenir la première application qui fournira en France un niveau de garantie « élevé » en matière d’identification numérique, selon le référentiel du règlement européen e-IDAS. Ce niveau n’est encore requis par aucun service en ligne, mais il doit permettre à terme l’accès aux données de santé, le développement de la procuration entièrement dématérialisée, voire du vote électronique.

D’ici là, France Identité permettra dès cet été d’accéder à France Connect, le portail utilisé aujourd’hui par plus de 37 millions de personnes pour payer leurs impôts, consulter leurs droits à la retraite ou le solde des points de leur permis de conduire. Mais aussi à France Connect +, sa déclinaison qui demande un niveau de garantie « substantiel » pour, par exemple, ouvrir un compte en banque en ligne. Aujourd’hui, seule l « 'Identité Numérique » de La Poste a reçu cette certification de l’Anssi, garante de la sécurité des systèmes d’information, et de nouvelles applications privées sont en cours de certification.

Une autre fonctionnalité de France Identité, la seule disponible à ce jour, permet de produire des justificatifs numériques d’identité à usage unique, pour éviter d’envoyer des copies du document original, par exemple lors d’une location d’appartement : l’une des sources les plus courantes de l’usurpation d’identité.

Faux départ sur l’environnement Apple ?

Alors que le compte Twitter officiel de France Identité annonçait lundi dans un tweet bien mystérieux qu’il fallait suivre attentivement la keynote WWDC d’Apple pour découvrir des nouveautés, les followers ont été déçus : pas de trace d’un support sous iOS16 pour la carte d’identité numérique française.

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La rumeur de son intégration dans l’application Cartes, aka Wallet, a rapidement circulé juste avant le début de la keynote à 19h lundi, avant d’être démentie par France Identité. Et finalement, Apple n’a rien annoncé du tout. Le Twitter officiel de l’application a enfin évoqué l’avancée de France Identité sous la marque à la pomme : une application iOS est en préparation pour que les utilisateurs d’iPhone puissent, eux aussi, bénéficier de ces nouveaux services.

Quels risques pour la vie privée ?

L’utilisation de France Identité restera strictement facultative et « n’a pas vocation à se substituer aux modes alternatifs, formulaires papier ou guichet », promet le gouvernement.

« C’est là où on reste très vigilant », relève Bastien Le Querrec, membre de l’association de défense des libertés à l’ère numérique La Quadrature du net, qui veut que ces alternatives physiques ne soient pas « désincitatives ». « A travers ce phénomène de dématérialisation à outrance des services publics, on est en train d’obliger les citoyens et citoyennes à passer par de l’identité numérique ». Et « qui dit identité numérique dit création d’une fiche à son nom avec sa photo, date de naissance… », ajoute-t-il. Autre risque, elle pourrait « conduire à une multiplication des cas où on va vous demander de justifier de votre identité ».