Rachat de Twitter : Malgré les promesses de Musk, l'UE se tourne vers Mastodon, une alternative plus fiable
RACHAT DE TWITTER•Après le rachat de Twitter par Elon Musk, Bruxelles concentre son intêret sur des plateformes plus récentes et plus durablesLina Fourneau
L'essentiel
- Si Thierry Breton et Elon Musk ont réussi à trouver un accord sur la modération sur Twitter, ce lundi, peut-on vraiment faire confiance au nouveau propriétaire ?
- De nombreux internautes préfèrent eux quitter le réseau social au bénéfice de nouveaux outils.
- Mastodon par exemple semble convaincre à la fois les instances européennes et les internautes.
Comme un message d’espoir pour les utilisateurs de Twitter en Europe. Sur une vidéo, diffusée lundi soir sur le même réseau social, Thierry Breton et Elon Musk se tiennent côte à côte. Le premier en costard, l’autre en tee-shirt. Deux mondes s’opposent : Bruxelles et la Silicon Valley. Ensemble, ils ont parlé de la future modération des contenus sur le réseau social, désormais propriété d’Elon Musk. Car le patron de Tesla veut faire de Twitter le nouvel eldorado de la liberté d’expression, ce qui effraye l’organisation européenne, qui n’a pas manqué de lui rappeler à plusieurs reprises.
Depuis Austin, dans le Texas, les deux hommes ont donc voulu trouver un point d'entente entre le rachat de Twitter et les nouvelles règles européennes sur la régulation des réseaux sociaux. « Je suis d’accord avec tout ce que vous avez dit, vraiment, je crois que nous sommes sur la même longueur d’onde », a assuré le milliardaire face au commissaire européen.
Mastodon se relance dans la course
Bruxelles rassurée, mais Bruxelles prévoyante. Car Elon Musk risque de ne pas respecter ses engagements, à l'image de son annonce mardi soir de vouloir lever le bannissement de l'ancien président américain Donald Trump. Il faudra donc assurer la suite. Alors l'Europe mise sur de nouvelles plateformes, à l’instar de Mastodon. Créé en 2016, en Allemagne, le réseau social incarné par un mammouth promet un réseau libre qui ne pourrait jamais devenir la possession d’un seul milliardaire. Son modèle, c’est ce qu’on appelle « le fédiverse ». En langage courant, cela fait écho à un réseau décentralisé où plusieurs serveurs se rencontrent.
Ce qui peut expliquer, ce jeudi, l’arrivée de certaines instances européennes, notamment le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) sur le réseau social Mastodon. Une façon pour l’organisation de légitimer et assurer sa confiance envers le jeune réseau social en créant plusieurs plateformes : EU Voice et EU Video. « Avec ce lancement, nous visons à proposer des plateformes de médias sociaux alternatives qui donnent la priorité aux individus et à leurs droits à la vie privée et à la protection des données », a expliqué le contrôleur européen de la protection des données, Wojciech Wiewiórowski.
Par la mise au monde de ces nouvelles « instances » (des serveurs dans le jardon mastondantain), la CEPD compte regrouper le plus d’organisations européennes possibles par le biais de textes assez courts (des pouets), des images et vidéos ou bien des podcasts. Mais l’Europe n’est pas vraiment la seule à avoir été séduite par la liberté du réseau social au mammouth.
Une vague de popularité à maîtriser
Sur Twitter, le rachat du réseau social a motivé quelques internautes à envisager un départ définitif au bénéfice de nouvelles plateformes. Sous les hashtags #LeaveTwitter et #JoinMastodon, les anciens partisans de l’oiseau bleu préfèrent désormais se ranger derrière le mammouth. « J’ai créé mon compte Mastodon en 2017, mais je l’ai très peu utilisé. Cela va changer », avoue le premier. « L’happy hour pour les discours haineux est sur le point de commencer », ajoute un deuxième. « C’est donc le bon moment pour déménager et prendre un nouveau départ sur le réseau de microblog gratuit et ouvert Mastodon », renchérit un troisième.
Face à cet engouement, Mastodon a même vu son chiffre de nouveaux utilisateurs exploser, jusqu’à 30.000 chaque jour dès le rachat de Twitter par Elon Musk. L’occasion pour Eugen Rochko, le fondateur du réseau social, de rappelerdans un communiqué, ses motivations de créer au départ « une plateforme mondiale plus résiliente sans incitations au profit ». « Ce qui m’a finalement amené à créer Mastodon [en 2016], c’était les rumeurs selon lesquelles Twitter, la plateforme dont j’étais un utilisateur quotidien pendant des années à ce moment, pourrait être vendu à un autre milliardaire controversé », a justifié Eugen Rochko. Avant de souligner : « Et maintenant, c’est enfin arrivé, et pour les mêmes raisons, des masses de gens viennent à Mastodon ».
En effet, victime de son succès qualifié « d’explosif », le réseau social a même dû lever le pied. Car hormis les 2.400 serveurs exploités par des particuliers et des organisations indépendantes, quelques « instances » restent gérées par Mastodon, qui manquent « de ressources », avoue le réseau social. « Nous avons travaillé sans relâche pour maintenir la qualité de service sur mastodon.social et mastodon.online, mais vous avez peut-être remarqué des problèmes tels que l’absence d’e-mails de confirmation ou le retard des flux de données à domicile », admet le réseau social allemand qui promet d’ajuster son logiciel à l’avenir.