ECOLOGIEPourquoi les téléviseurs polluent plus que les smartphones

Pourquoi les téléviseurs polluent plus que les smartphones

ECOLOGIELa taille des écrans est une des raisons invoquées
Anaëlle Lucina pour 20 Minutes

Anaëlle Lucina pour 20 Minutes

Le plus polluant, c'est le téléviseur, suivi dans cet ordre de l'ordinateur portable, du smartphone, de la tablette et de l'ordinateur de bureau. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) françaises ont remis au gouvernement leur rapport sur l’empreinte numérique en France.

Alors que l’empreinte carbone annuelle du numérique représente 2,5% de l’empreinte nationale, l’étude montre que les terminaux sont responsables de la grande majorité des impacts sur l’environnement. Leur impact est estimé entre 64% et 92%. Ils sont suivis par les centres de données (entre 4% et 22%) et les réseaux (entre 2% à 14%).

Le téléviseur, pollueur n°1

D’après les résultats, les écrans et les équipements audiovisuels sont les principaux responsables de l’empreinte environnementale du numérique. Par «écrans et équipements audiovisuels», il faut comprendre les boîtiers TV, les vidéoprojecteurs, les postes de travail privés, les transports, les écrans d’ordinateurs, les dispositifs d’affichage dans les magasins, ou encore les salles de classe avec tableau numérique.

Suite à ce premier constat, l’étude propose d’isoler les téléviseurs de cette catégorie afin d’évaluer plus précisément leur impact. Ainsi, on remarque que les effets des vidéoprojecteurs et des box sont marginaux et que ce sont les téléviseurs qui font grimper le taux. Ils concentrent de 11 à 30% des impacts de l’ensemble des appareils numériques. En effet, leur fabrication nécessite une très grande quantité de matériaux et d’équipements. Les ordinateurs portables remportent la deuxième place du classement, suivi par les smartphones, les tablettes et les ordinateurs de bureau.

Et les smartphones ?

Malgré une commercialisation moins massive et un renouvellement plus long, les téléviseurs sont globalement plus nocifs pour l’environnement que les smartphones. Et ce, alors que leur durée de vie est de 6 à 8 ans en moyenne, contre 2,5 ans pour un smartphone.

Selon l’étude, la raison de leur empreinte numérique élevée est liée à leur taille. En effet, d’après le rapport, de l’extraction des minerais à leur transformation en composants électroniques, la production des panneaux d’écran TV contribue à ce bilan écologique négatif. Concrètement, la fabrication des écrans est «la principale source» d’impact pour l’environnement, en raison notamment de la quantité importante de ressources et d’énergie pour extraire les matériaux nécessaires.

Par contre, en ce qui concerne le changement climatique, la part des smartphones s’élève à 14,30%. Contre 13,70% pour les téléviseurs.

Réseaux fixes versus réseaux mobiles

L’impact environnemental des réseaux fixes représente entre 75 et 90% du total du secteur. Tandis que les réseaux mobiles en représentent 10 à 25%.

En effet, les installations fixes nécessitent plus d’équipements, tandis que les antennes mobiles sont communes. Logiquement, les réseaux fixes consomment donc plus d’électricité. Par ailleurs, les réseaux mobiles sont presque trois fois moins efficaces que les réseaux fixes.

Prolonger la durée de vie des équipements

Ainsi, 78% de l’empreinte carbone du numérique provient de la phase de fabrication, contre 21% pour la phase d’utilisation. En réaction, l’Arcep met l’accent sur «l’importance des politiques visant à prolonger la durée de vie utile des équipements numériques par la durabilité des produits, la réutilisation, le reconditionnement, l’économie de fonctionnalité ou la réparation».

Par exemple, l’Ademe préconise le reconditionnement des smartphones. «En moyenne, faire l’acquisition d’un téléphone mobile reconditionné permet une réduction d’impact environnemental annuel de 55% à 91% (selon les catégories d’impacts) par rapport à l’utilisation d’un smartphone neuf», souligne l’agence.

Une nouvelle étude verra le jour en avril 2022. Elle portera sur les projections d’impact du numérique à l’horizon 2030 et 2050 à partir de quatre scénarios établis par l’ADEME.