Fact-checking: YouTube serait le principal vecteur de désinformation en ligne
FAKE NEWS•Plus de 80 organisations de fact-checking du monde entier ont adressé une lettre ouverte pour engager la direction de YouTube à agir contre la désinformation propagée sur la plateformeAnaëlle Lucina pour 20 Minutes
YouTube serait l’un des principaux vecteurs de désinformation en ligne dans le monde et ne fait pas assez pour lutter contre la diffusion de fausses informations sur sa plateforme. Voilà ce que dénonce une coalition mondiale de 80 organisations de fact-checking dans une lettre publiée le 12 janvier sur Poynter.
YouTube, complice de la désinformation ?
Cette lettre commune adressée à Susan Wojcicki, directrice générale de YouTube, désigne la plateforme appartenant à Google comme « l’un des principaux vecteurs de désinformation en ligne et de fausses informations dans le monde ». Parmi les signataires figurent PolitiFact, The Washington Post, Africa Check, Maldita.es, ou encore l’organisation caritative britannique Full Fact, selon lesquels YouTube ne fait pas assez d’efforts pour s’attaquer au problème de la désinformation et permet « à des acteurs sans scrupule d’utiliser sa plateforme comme une arme pour manipuler et exploiter les autres ».
Les signataires font notamment allusion aux fraudes électorales, aux discours haineux, à la conspiration QAnon et aux théories du complot. Selon eux, ils seraient à l’origine de la désinformation qui a entraîné des blessures, des décès et l’éclatement de familles. Par exemple, en 2020, Brian Lee Hitchens, chauffeur de taxi en Floride, a perdu sa femme à cause du coronavirus. Il a avoué avoir donné sa confiance à un contenu Facebook qui affirmait que la pandémie était un canular. Depuis, l’homme met en garde sur les dangers des théories conspirationnistes.
Ce que la lettre demande
Tout d’abord, les groupes de vérification des faits ont appelé à un engagement en faveur d’une transparence significative concernant la désinformation sur la plateforme. Ensuite, les 80 demandent davantage de contexte et de démystification plutôt que de se limiter à la simple suppression des vidéos. Enfin, selon eux, des mesures contre les récidivistes devraient être envisagées.
Pour améliorer la situation, les fact-checkers sont clairs. YouTube devra faire des efforts accrus pour lutter contre la désinformation, et ce, dans des langues autres que l’anglais. En effet, la détection de la désinformation est d’autant plus complexe lorsque le faux contenu n’est pas anglophone ou provient de pays en développement. Pour illustrer le problème, la lettre énumère des comptes du monde entier qui ont le potentiel de causer des dommages réels. Tous sont passés sous le radar des politiques de contenu de YouTube, décrites comme « insuffisantes ».
Enfin, YouTube devrait également repenser ses algorithmes de recommandation afin de s’assurer qu’il « ne promeut pas activement la désinformation auprès de ses utilisateurs et ne recommande pas de contenu provenant de chaînes non fiables ».
YouTube se défend
En réponse à cette lettre, Elena Hernandez, porte-parole de YouTube, a déclaré à The Guardian que l’entreprise investissait déjà dans des moyens pour « connecter les gens à des contenus faisant autorité », pour « réduire la propagation de la désinformation » et pour « supprimer les vidéos violentes ». Elle ajoute : « nous sommes toujours à la recherche de moyens significatifs pour nous améliorer et nous continuerons à renforcer notre travail avec la communauté de vérification des faits ».
Sur une page dédiée, la plateforme déclare utiliser plusieurs fonctionnalités, et notamment des « systèmes de machine learning ». Leur but est de mettre en avant des informations de sources fiables dans les résultats de recherche et les recommandations.
YouTube a annoncé l’année dernière qu’il retirerait de sa plateforme toutes les fausses informations anti-vaccins. La plateforme a également supprimé les vidéos postées par le président brésilien Jair Bolsonaro, vectrices d’informations erronées sur le coronavirus.
Une possible collaboration
Les médias et ONG signataires de la lettre ont proposé leur collaboration à la plateforme d’hébergement de vidéos. « Nous sommes prêts et capables d’aider YouTube. Nous souhaitons vous rencontrer pour discuter de ces questions et trouver les moyens d’une collaboration, et nous attendons avec impatience votre réponse à cette offre », conclut la lettre.