D'Eric Zemmour à Papacito... Pourquoi le réseau social Gettr est-il plébiscité par la fachosphère ?
EXTREME DROITE•L’objectif de ce nouveau réseau social, lancé en juillet 2021 par l’ancien porte-parole de Donald Trump, est de « défendre la liberté de parole » et lutter contre la « cancel culture »Hakima Bounemoura
L'essentiel
- Après avoir séduit de nombreuses personnalités de l’alt-right américaine, la plateforme Gettr semble aujourd’hui avoir conquis une grande partie de l’extrême droite française.
- « C’est une toute nouvelle plateforme de médias sociaux basée sur les principes de la liberté d’expression, de la pensée indépendante, du rejet de la censure politique et de la "cancel culture" », peut-on lire sur la page d’accueil du réseau social.
- Le polémiste d’extrême droite et désormais candidat à la présidentielle Eric Zemmour y possède un compte suivi par plus de 14.000 personnes, tout comme une grande partie de son staff.
Après l’échec de Parler, la fachosphère s’est trouvé un nouveau réseau social de référence. Après avoir séduit de nombreuses personnalités de l’alt-right américaine, et des figures populistes comme le président brésilien Jair Bolsonaro, la plateforme Gettr semble aujourd’hui avoir conquis une grande partie de l’extrême droite française.
Lancée en juillet 2021, cette plateforme a été fondée par Jason Miller, l’ancien porte-parole de Donald Trump, après le bannissement de l’ex-président américain par plusieurs réseaux sociaux, dont Twitter et Facebook. La plateforme, qui reprend d’ailleurs à sa façon le slogan « Make America Great Again » de Trump en clamant « Make Social Media Fun Again » («Rendons les médias sociaux amusants à nouveau »), fonctionne de la même façon que Twitter, dont elle a repris le design et les principaux codes, avec un système d’abonnement et des followers.
« Défendre la liberté de parole » et lutter contre la « cancel culture »
Comme Gab et Parler - applications bannies par Apple, Google et Amazon après l’invasion du Capitole –, l’objectif de ce nouveau réseau social est, selon son fondateur, de « défendre la liberté de parole » et lutter contre la « cancel culture ». « C’est une toute nouvelle plateforme de médias sociaux basée sur les principes de la liberté d’expression, de la pensée indépendante, du rejet de la censure politique et de la "cancel culture" », peut-on même lire sur la page d’accueil du réseau social.
La plateforme ne pratique donc aucune forme de censure, de quoi réjouir l’extrême droite et les personnalités les plus influentes de la fachosphère française. « Les élections approchent et beaucoup de comptes vont sauter. Gettr, c’est un bon moyen de rester en contact avec moi », explique ainsi l’influenceur d’extrême droite Papacito. Suivi par près de 11.000 personnes sur la plateforme, l’influenceur – connu pour sa vidéo dans laquelle il tire au fusil de chasse sur un mannequin symbolisant un « gauchiste » –, a donc demandé à ses abonnés Instagram de se créer un compte sur Gettr.
Des contenus racistes et complotistes
D’autres personnalités d’extrême droite sont également présentes sur Gettr. Outre Alain Soral, essayiste antisémite multicondamné, on note la présence de l’ex-égérie de Génération identitaire Thaïs d’Escufon et de son co-fondateur Damien Rieu, du sénateur RN Stéphane Ravier, du suprémaciste blanc Daniel Conversano ou encore du militant négationniste Hervé Ryssen.
Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, a également créé un compte sur le réseau social, mais n’a rien posté depuis son inscription en juillet. Autre personnalité politique française de poids, le désormais candidat à la présidentielle Eric Zemmour. Le polémiste d’extrême droite y possède un compte suivi par plus de 14.000 personnes, tout comme une grande partie de son staff : Antoine Diers, Stanislas Rigault ou Samuel Lafont.
La plateforme abrite également de nombreux contenus complotistes et conspirationnistes. De nombreux comptes anonymes, anti-vax et adeptes des théories du complot les plus farfelues, y ont ainsi trouvé un espace de dialogue. Les publications mentionnant la supposée dangerosité des vaccins ou faisant la promotion du mouvement QAnon sont ainsi largement relayées et mises en avant sur la plateforme.