Internet Explorer 8: du mieux, mais est-ce assez pour arrêter l'hémorragie?
HIGH-TECH•La nouvelle version du navigateur de Microsoft est disponible depuis jeudi...Philippe Berry
Le chiffre 7 est censé porter bonheur. Pour Internet Explorer, cette édition fut une véritable usine à gaz, mal optimisée et qui souffrait de la comparaison avec la concurrence. Conséquence: en un an, Microsoft a vu ses parts de marché s’effriter (–7 points, à 67,5%) tandis que FireFox (22%), Safari (8%) ou encore Chrome grignotent du terrain. Avec IE8, disponible en version finale depuis jeudi, Microsoft veut inverser la tendance. Nos impressions.
Microsoft répète qu’il ne faut pas écouter les benchmarks qui donnent les moteurs JavaScript de Chrome ou Safari cinq fois plus rapides que celui d’IE8, et que ce qui compte est la vitesse de chargement des pages. De ce côté-là, IE8 est incontestablement plus performant que son prédécesseur –ce qui n’est pas un exploit. Une page lourde comme celle de 20minutes.fr se charge désormais complètement en environ 7 secondes, contre 12 à IE7. Ce qui place IE8 à égalité avec FireFox, mais encore loin derrière Chrome et Safari (5 sec). Sur des sites plus légers, la différence est moins flagrante, mais Chrome, notamment par sa fulgurance au démarrage, reste le roi.
Des onglets aux petits oignons mais gourmands
Petit détail tout simple, Microsoft a rajouté de la couleur pour les onglets ouverts depuis un même site. Et ça change tout. Avec une vingtaine d’onglets actifs lorsqu’on fait des recherches, on se perd vite. Mais avec les couleurs, tout se repère d’un coup d’œil. Un onglet peut se déplacer, se rattacher à un autre groupe et prendre sa couleur. Comme Chrome, IE8 crée un processus par onglet dans Windows. Ce qui signifie que si l’un crash, les autres ne sont pas affectés. Mieux, en cas de plantage, l’onglet se recharge tout seul. Niveau optimisation en revanche, ce n’est pas vraiment ça: 10 mêmes onglets -les mêmes sites- consomment 550 Mo de mémoire vive sous IE8, contre 450 à Chrome et 300 à FireFox –qui ne créé pas de multiples processus)
Les Accelerators et les slices: pratique mais encore limité
Ce sont les deux nouveautés les plus visibles. Les Accelerators sont des «boîtes» qui permettent d’utiliser des services de sites web à l’intérieur d’une autre page. Par exemple, sélectionnez du texte, et, en cliquant sur une icône, obtenez la traduction immédiate (la fonction marche très bien sous Windows 7, mais sous XP, nous avons rencontré des soucis apparemment dus à un conflit avec Google Gears). Les Accelerators marchent aussi pour localiser une adresse, ou envoyer une info directement par email Par défaut, Microsoft n’a inclus que ses outils mais en propose d’autres à cette adresse (notamment pour eBay, Facebook ou Google). C’est en quelque sorte sa réponse aux extensions FireFox. Il faudra voir à quel point Microsoft ouvrira le service aux développeurs tiers.
Les slices s’inscrivent dans la tendance du «mash-up» et permettent d’avoir des «tranches» de certains sites comme eBay dans sa barre des favoris sans avoir à visiter la page (pour surveiller un produit ou un cours de bourse par exemple). Pour l’instant, trop peu de sites sont compatibles.
Microsoft promet un navigateur plus sûr (contre le phishing ou les malwares). Il faudra attendre un peu pour juger de la robustesse de cette version finale. Un mode InPrivate (aussi connu comme «porn mode») permet de surfer sans laisser de traces (dans l’historique ou dans les fichiers temporaires). Comme chez la concurrence, on peut effectuer une recherche directement dans la barre d’adresse. Comme FireFox, IE8 conserve malgré un champ dédié dans lequel la prévisualisation des résultats avec des images est un plus appréciable.
Internet Explorer 8 fait largement oublier son prédécesseur. Certes, il n’est pas encore le roi de la vitesse ou de l’esthétisme. Mais toutes ses nouvelles fonctionnalités en font un client sérieux pour la concurrence. Face à un FireFox «nu», IE8 est même plus agréable en termes de navigation, notamment pour sa gestion des onglets. Mais avec ses dizaines de milliers de plugins disponibles, le renard conserve un avantage. La guerre peut continuer.
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