Découvrez 8 projets concurrents de Starlink qui se disputent le marché de l’Internet à haut débit par satellite
GUERRE DES ETOILES•Elon Musk ne sera pas seul dans l’espaceMartin Vanroelen pour 20 Minutes
Les méga constellations de satellites en basse orbite fournisseurs d’internet pourraient bien devenir des alternatives sérieuses demain aux réseaux câblés souterrains. Si la firme d’Elon Musk reste la plus avancée dans le domaine, notamment grâce aux déploiements via les fusées de SpaceX, elle n’est pas la seule à vouloir déployer cette technologie. D’autres acteurs privés et publics ont déjà commencé à déployer leurs propres constellations de satellites, une réelle concurrence va probablement s’installer, à terme, sur ce marché.
OneWeb
OneWeb est un projet multinational créé en 2014 pour fournir une connexion Internet à haut débit aux particuliers, partout dans le monde. Le projet est fortement similaire à Starlink, mais n’est pas aussi avancé et ne prévoit pas les mêmes performances. Le service offrira une connexion de 50 ms et de 50Mb/s minimum.
La confection des satellites OneWeb se fait en collaboration avec Airbus Defence and Space. (crédit : AFP)
OneWeb placera ses satellites en orbite à 1200km de la Terre. La firme est passée entre plusieurs mains, mais est actuellement détenue par le gouvernement britannique, le conglomérat indien Bharti Global et la société de télécommunication satellitaire Eutelsat.
Pour rendre son réseau utilisable, l’entreprise doit atteindre 648 appareils en orbite, mais n’en est qu’à 182. Pour les envoyer en orbite, OneWeb a recours aux fusées Soyouz russes, l’État russe a donc un certain intérêt dans le projet, même s’il va déployer sa propre constellation de satellites.
Kuiper Project
Le projet Kuiper a été annoncé en 2019 par Amazon et son PDG Jeff Bezos. La firme souhaite à son tour lancer une constellation de satellites pour concurrencer Starlink et Oneweb, cette fois-ci à 600km de distance avec la terre.
Jeff Bezos veut concurrencer Starlink sur le continent américain (crédit : AFP)
Le projet est encore à un stade précoce, car aucun satellite n’a encore été mis en orbite, la FCC (commission fédérale des communications américaine) a cependant déjà accordé l’envoi de 3236 appareils en orbite pour constituer la constellation d’Amazon. Pour garder sa licence, Kuiper devra déployer la moitié d’entre eux avant 2026, et l’autre avant 2029.
Pour le lancement du réseau, Amazon pourra bénéficier de sa filiale aérospatiale Blue Origin, mais la firme entend également faire appel à d’autres services pour accélérer le déploiement.
Lynk
Lynk se différencie des autres projets de constellation, car son but n’est pas de déployer un service de connexion à Internet, mais bien de télécommunication cellulaire. Le but est de proposer un service de télécommunication par satellite pour n’importe quel téléphone mobile. Et cela principalement dans les zones reculées ne disposant pas de réseau mobile classique. Actuellement, la seule façon d’utiliser les moyens des services de téléphonie par satellite est de posséder un appareil adapté ou de rajouter un accessoire à un smartphone classique.
Lynk veut démocratiser les télécommunications par satellites. (crédit : Lynk)
La firme Lynk a affirmé avoir développé un software pour leurs satellites qui permet de tromper les téléphones classiques afin de les faire capter le réseau Lynk. La firme a ainsi réussi en 2020 à relier un smartphone non modifié à l’espace grâce à un satellite test déployé depuis la Station Spatiale Internationale.
Les satellites de Lynk devraient à peine peser 25kg et orbiter à environ 500km de distance avec la Terre. Pour déployer un réseau 4G, Lynk devra en lancer plus d’un millier. Le but est in fine de vendre les services satellitaires à des opérateurs de télécommunication classiques et au grand public.
SatRevolution
SatRevolution est une entreprise polonaise lancée en 2016. La société se distingue complètement des autres projets du genre, car elle a pour but de déployer un service d’observation terrestre en temps réel et ultra-précis, en constellation satellitaire.
La firme prévoit de déployer environ 1024 satellites à basse orbite d’ici 2026 pour permettre d’observer complètement la Terre, en tout temps. Ils seront situés à environ 500km d’altitude et devraient être synchronisés avec l’éclairage de la Terre par le Soleil. Pour déployer son arsenal, SatRevolution a établi un partenariat avec la firme américaine Virgin Galactics pour lancer ses premiers satellites.
Les satellites STORK-4 et 5 vont être déployés par Virgin Galactics. (Crédit : SatRevolution)
Le service va par exemple permettre de récolter des photographies et des données multispectrales pour les domaines de l’agriculture ou de l’énergie.
Sfera
La Russie veut aussi sa part du gâteau dans le déploiement d’accès à l’internet rapide par satellite en constellation à basse altitude. Bien que le pays participe au lancement des appareils de OneWeb, il s’oppose au déploiement des services de la firme auprès de ses citoyens, il en va de même pour SpaceX. En effet, la Russie se préoccupe particulièrement de sa souveraineté nationale en matière de télécommunications.
L’un des buts particuliers de Sfera est de fournir une connexion haut débit autour de la route maritime du nord, au-dessus du cercle polaire, point stratégique important pour la Russie.
Pour le déploiement de ses satellites, la Russie bénéficie de ses lanceurs Soyouz. (crédit : AFP)
Une constellation de 600 satellites devrait être progressivement déployée à 870km d’altitude, le réseau Sfera complet et opérationnel est prévu pour 2024.
Guowang
La Chine n’est pas en reste et va déployer également sa constellation de satellites à basse orbite pour fournir un accès souverain à Internet aux Chinois qui habitent dans les nombreuses zones reculées du pays. Le réseau se nommera habilement « Guowang », qui se traduit « réseau national ».
Pour ce faire, la Chine va déployer pas moins de 12 922 satellites entre 500km et 1145km de distance avec la Terre. La méga constellation devrait cependant s’étendre à l’entièreté du continent asiatique, tandis que Sfera se focalise sur la Russie, et OneWeb, Amazon et SpaceX sur les États-Unis et l’Europe dans un premier temps.
La suprématie technologique de la Chine à l’international est un enjeu de taille pour le président chinois Xi Jinping. (crédit : AFP)
On pourrait ainsi considérer Guowang comme partie intégrante du programme chinois de la nouvelle route de la soie, outil d’influence international face aux autres puissances.
Le projet européen
C’est au tour de l’Union européenne de déployer son propre réseau Internet par constellation de satellites à basse altitude. Le projet est encore au stade embryonnaire et n’a d’ailleurs pas de nom officiel. Présenté début 2021, le projet a pour objectif de fournir un réseau Internet performant, là où ça n’est pas disponible autrement. Dans les zones reculées, en déplacement ou dans un avion, par exemple.
La constellation ne sera pas déployée avant 2027 et il serait prévu d’envoyer environ 600 appareils en bas orbite, entre 500 et 1500km de distance avec la Terre. Si les coûts sont conséquents – environ 5 milliards d’euros – le but est de maintenir l’UE en tant que puissance spatiale.
Le commissaire européen Thierry Breton a présenté l’idée du projet lors de la conférence spatiale européenne (Crédit : JOHN THYS/AFP)
En effet, le déploiement d’un tel dispositif permettra à l’Europe d’asseoir son indépendance stratégique dans des situations où une connexion de qualité n’est pas disponible autrement que par satellite. L’enjeu est de taille, car cela garantira des échanges de données sécurisées en temps de crise, sans passer par des tiers étrangers.
Lightspeed
Le projet de constellation Lightspeed va être déployé par la firme canadienne de télécommunication satellitaire Telesat. À l’instar de ses concurrents, Telesat ambitionne de couvrir le monde entier d’une connexion Internet à haut débit et rapide.
Telesat devrait déployer avec Lightspeed près de 300 satellites pour couvrir le monde entier d’un réseau Internet à très haut débit. (crédit : Telesat)
Le projet devrait être complété pour 2023. Dans un premier temps, la constellation Lightspeed sera composée de 298 satellites situés sur les orbites polaires entre 1015 et 1325km de distance de la Terre.
À la différence de ses concurrents, Lightspeed ne s’adressera presque exclusivement qu’à des services professionnels et sera sans doute plus onéreux. Telesat promet ainsi une connexion de plusieurs térabits par seconde.