Quelles conséquences l’annonce de Telsa sur le bitcoin peut-elle avoir ?

Bitcoin : Quelles conséquences les annonces d'Elon Musk et de Tesla peuvent-elles avoir ?

CRYPTOMONNAIEL’entreprise Tesla a annoncé lundi avoir investi 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin
Philippe Berry & Hélène Sergent

Philippe Berry & Hélène Sergent

L'essentiel

  • Il y a quelques semaines, le patron et SpaceX, Elon Musk, a fait flamber le cours du bitcoin en faisant simplement apparaître l’emoji de cette cryptomonnaie dans sa biographie sur Twitter.
  • Le 8 février, son entreprise automobile, Tesla, a annoncé avoir investi l’équivalent de 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin.
  • Une opération qui a immédiatement provoqué une hausse du cours de cette devise virtuelle.

Jamais une entreprise de cette envergure n’avait engagé pareil investissement dans une cryptomonnaie. Lundi, Tesla a annoncé avoir investi l’équivalent de 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin, la plus populaire des devises virtuelles. Une annonce qui intervient après plusieurs signaux envoyés directement par son fantasque patron, Elon Musk, qui avait déjà affolé le cours en janvier en faisant référence au bitcoin dans sa biographie sur Twitter.

Né après la crise de 2008 pour renverser – ou du moins concurrencer – les institutions monétaires traditionnelles, le bitcoin divise toujours les acteurs du secteur. Non reconnue par les banques centrales, cette monnaie virtuelle souffre, entre autres, d’une importante volatilité. L’annonce de Tesla peut-elle modifier la perception et les usages du bitcoin ? Et quel impact peut-elle avoir pour tous les petits propriétaires de bitcoin ? 20 Minutes fait le point.

  • Quel impact l’annonce de Tesla a-t-elle eu sur le bitcoin ?

L’effet a été quasi-immédiat. Quelques heures après l’annonce de l’investissement de Tesla, lundi, le cours du bitcoin s’est envolé de 20 % en 48 heures, pour atteindre son plus haut historique à plus de 46.000 dollars, mardi. « C’est une annonce importante. Même si ce n’est pas le premier investissement de ce genre, c’est la première fois qu’une entreprise de cette envergure, qui pèse près de 800 milliards de dollars à Wall Street, réalise un tel mouvement », analyse le journaliste économique belge Gilles Quoistiaux, auteur de Bitcoin & cryptomonnaies, le guide pratique de l’investisseur débutant.

Au-delà de ce seul investissement, Tesla entend aussi « commencer à accepter le bitcoin comme moyen de paiement lors d’achat de ses produits dans un avenir proche ». Pour Gilles Quoistiaux, cette décision, plus que l’investissement en lui-même, pourrait à court terme « crédibiliser » davantage le bitcoin : « L’objectif initial des créateurs du bitcoin, c’était d’en faire une monnaie d’échange de pair à pair et de ne plus dépendre des banques classiques. Mais pour l’heure, les possibilités d’achat en bitcoin restent très limitées. » Si Tesla rend possible l’achat d’un de ses modèles de voitures en bitcoin, « ça peut faire évoluer les choses », conclut le journaliste.

  • Le bitcoin est-il en train de s’imposer comme nouvel « or numérique » ?

Avec actuellement environ 18,6 millions de bitcoins en circulation, cette cryptomonnaie gérée sur un réseau décentralisé peut être considérée « comme le nouvel or digital » estime François Longin, professeur de finance à l’ESSEC et coauteur d’un article consacré à ce sujet en 2019. Contacté par 20 Minutes, il développe : « A chaque crise, on observe une poussée de la valorisation du bitcoin, les individus et les entreprises de certains pays comprenant en pratique l’intérêt de détenir une monnaie indépendante de celle de leur pays ». Une valorisation à l’image de l’or, « souvent considéré comme une valeur refuge contre les crises », poursuit-il. Une analyse confirmée l’année passée, selon lui, avec l’évolution du bitcoin en pleine pandémie mondiale, puisque la cryptomonnaie « a presque quadruplé en 2020 », note-t-il.

  • Pour autant, est-ce le moment d’investir (et est-ce encore possible ?)

Si l’annonce de Tesla peut participer à donner au bitcoin ses lettres de noblesse, cette cryptomonnaie reste soumise à une importante volatilité. « Il faut rester prudent, pointe Loïc Sauce, enseignant-chercheur en économie à l’ISTEC. Ces annonces ont déclenché une vague d’optimisme et une pression à la hausse sur le cours des cryptomonnaies et plus particulièrement du bitcoin. Mais, comme toujours, il faut s’attendre à une correction. Peut-être même une correction assez forte […]. Mon conseil serait ainsi d’attendre pour entrer sur le marché ».

Sur son site, l’AMF (Autorité des marchés financiers), rappelle que le prix du bitcoin « peut varier à la hausse comme à la baisse en très peu de temps et est largement imprévisible. Vous pouvez donc notamment perdre beaucoup d’argent ». En 2018, le cours avait notamment chuté de 80 %. : « N’étant pas une monnaie ayant un cours légal, vous ne disposez pas non plus des garanties offertes par les banques centrales. De même […], vous n’êtes pas protégé en cas de faillite de votre intermédiaire », ajoute l’AFM. Mais l’achat de bitcoins, entiers ou en fraction, reste toujours possible et les plateformes de gestion de portefeuille numérique se sont multipliées ces dernières années.

Le journaliste Gilles Quoistiaux met lui aussi en garde : « Investir dans la cryptomonnaie est relativement simple. Mais il faut faire attention aux arnaques qui sont particulièrement nombreuses quand le cours se met à flamber. » Enfin, autre élément à prendre en compte, un plafond d’émission de bitcoins a été fixé à sa création. Il ne pourra jamais excéder les 21 millions de bitcoins. « Avec 18,6 millions en circulation, on a déjà dépassé les 80 % de bitcoins mis en circulation. Mais même si les calculs sont difficiles à réaliser, on estime que cette limite ne sera pas atteinte avant l’année 2140 », précise Gilles Quoistiaux.

  • Et que se passe-t-il avec cette autre cryptomonnaie, le « Dogecoin » ?

Tout a commencé comme une blague, en 2013. Deux ingénieurs de la Silicon Valley, Billy Markus et Jackson Palmer, codent en moins de 3 heures un système de cryptomonnaie à l’effigie d’un des mèmes les plus connus d’Internet, le gentil chien à la grammaire douteuse, Doge. Début 2021, les internautes boursicoteurs à l’origine de la flambée de l’action GameStop ont jeté leur dévolu sur le Dogecoin, avec un cours multiplié par 20 depuis le 1er janvier. Elon Musk y est, là encore, allé de son tweet, ajoutant à la folie, suivi par le rappeur américain Snoop Dogg, devenu pour l’occasion « Snoop Doge ».

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Avec une capitalisation de près de 10 milliards d’euros, Dogecoin vient d’entrer dans le top 10 des cryptomonnaies. Aux Etats-Unis, il est possible d’en acheter directement via l’app de trading gratuite Robinhood. En France, c’est plus compliqué, puisqu’il faut passer par une plateforme d’échange intermédiaire pour acheter des bitcoins ou de l’ether (une autre cryptomonnaie), puis les échanger contre des Dogecoins. Ces derniers ne sont toutefois acceptés presque nulle part comme moyen de paiement, et le stock de jetons n’est pas limité, contrairement au bitcoin. Dans une interview au Wall Street Journal, même Billy Markus – qui n’est plus impliqué dans la communauté Dogecoin et n’en possède plus – juge la valorisation actuelle « absurde ».