Non, Winston Churchill n’a pas tenu ces propos sur les arts et la Seconde guerre mondiale
FAKE OFF•L’ancien premier ministre britannique n’a pas répliqué « Alors pourquoi nous battons-nous ? » quand on lui aurait demandé de couper dans le budget des arts pendant la Seconde Guerre mondialeMathilde Cousin
L'essentiel
- Plusieurs personnalités du monde des arts partagent une citation attribuée à Winston Churchill depuis l’annonce du couvre-feu dans neuf métropoles françaises.
- L’homme politique britannique n’a pas tenu ces propos, même s’il a exprimé des sentiments proches.
Oui, Winston Churchill appréciait l’art (il peignait et il a reçu le prix Nobel de littérature). Oui, il est connu pour son sens de la formule (« du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », anyone ?). Mais non, l’ancien premier ministre britannique n’a pas déclaré que son pays se battait pour sauver les arts.
Pourtant, une citation qui lui est attribuée circule sur les réseaux sociaux depuis l’annonce mercredi du couvre-feu imposé à neuf métropoles. Voici ce texte : « Quand on a demandé à Winston Churchill de couper dans le budget des arts pour l’effort de guerre, il a répondu : " Alors pourquoi nous battons-nous ? " »
Ce message a notamment été partagé par l’actrice Frédérique Bel sur Instagram, puis relayé par Joey Starr ou la danseuse et chorégraphe Marie-Agnès Gillot.
FAKE OFF
La citation est fausse, a expliqué en 2009 et 2017 Richard Langworth, historien et membre du Churchill Projet de l’université d’Hillsdale, aux Etats-Unis. David Freeman, de l’International Churchill Society, a aussi nié l'authenticité de la citation auprès de nos confrères américains de Politifact.
Toutefois, comme le souligne Richard Langworth, Winston Churchill « avait exprimé des sentiments similaires » en 1938. « Les arts sont essentiels à toute vie nationale complète, avait-il déclaré en avril 1938 à la Royal Academy. L’État se doit de les soutenir et de les encourager. Le pays possède, avec la Royal Academy, une institution de richesse et de pouvoir qui a pour but d’encourager les arts de la peinture et de la sculpture. »
Les fausses citations pullulent sur les réseaux sociaux. Récemment, c’était Madame de Sévigné qui était convoquée, une nouvelle fois, à tort.