RESEAU MOBILEA quoi servent les enchères sur la 5G qui débutent ce mardi ?

5G : A quoi servent les enchères qui débutent ce mardi ?

RESEAU MOBILE« 20 Minutes » fait le point sur les enchères tant attendues qui doivent débuter ce mardi
La 5G arrive en France, mais à quel prix pour les opérateurs ?
La 5G arrive en France, mais à quel prix pour les opérateurs ? - Long Wei / Costfoto/Sipa USA/SIPA / SIPA
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Ce mardi, c’est le lancement des enchères sur les 5G.
  • Quatre grands opérateurs vont se battre pour obtenir le maximum de fréquence 5G dans les jours à venir.
  • Mais à quoi ça sert ? Et quels sont les réels enjeux ? 20 Minutes fait le point

3, 2, 1… Vendez ! Ce mardi débutent les enchères sur la 5G. Quatre opérateurs mobiles vont se battre pour acheter des fréquences 5G à utiliser dans le futur. Et comme l’affaire est un peu floue pour le moment, à 20 Minutes, on fait le point pour vous.

Les enchères à la 5G, c’est quoi ?

Guillaume Vaquero, expert télécoms pour le cabinet Wavestone, nous explique les enjeux de ce mardi : les quatre grands opérateurs du pays (Orange, SFR, Free et Bouygues) vont se positionner pour acheter des « blocs » de 5G par tranche de 10 mégahertz. Comme des enchères classiques, le plus offrant remportera le bloc. Plus un opérateur dispose de blocs, meilleure sera sa couverture du territoire et du réseau dans le futur une fois la 5G déployée totalement en France.

Un des quatre opérateurs peut-il se retrouver sans couverture 5G ?

Eh bien non, car ces enchères à la 5G ne sont que la deuxième phase du processus. Guillaume Vaquero nous indique que pour éviter qu’un opérateur plus puissant que les autres – Orange pour ne pas le nommer – s’arroge toutes les parts de 5G, l’Etat a commencé par une première phase de vente des blocs de 5G à prix fixe. Sur les 310 mégahertz au total de la 5G, « 200 ont été ainsi vendus à prix fixe, 50 mégahertz par opérateur ».

C’est donc onze blocs de 10 mégahertz qui sont mis aux enchères ce mardi, alors que les deux tiers de la 5G ont déjà été pourvus par l’Etat et équitablement répartis entre les opérateurs. « Ce qui se joue avec ces enchères, ce n’est pas quel opérateur aura ou non la 5G – tous sont déjà assurés de l’avoir – mais qui aura le meilleur réseau et le plus efficace », analyse Guillaume Vaquero.

Ce prix fixe de l’Etat n’avait pas été mis en place lors des débuts de la 4G, « où tout s’était joué sur des enchères avec chaque opérateur pouvant miser ce qu’il voulait sur l’ensemble des blocs », note Guillaume Vaquero. « On voit donc dans cette intervention l’importance que l’Etat met dans le non-monopole pour la 5G ». Surtout qu’à terme les anciens réseau 2G, 3G, 4G devraient disparaître, raison de plus pour ne pas permettre le total contrôle d’un seul opérateur.

La défiance actuelle envers la 5G peut-elle faire baisser le montant des enchères ?

Non, à en croire Florence Presson, consultante en stratégie numérique et en économie circulaire. « Les enjeux sont trop importants pour que les opérateurs prennent le risque de sous-évaluer ce produit », appuie-t-elle. D'autant que pour la consultante, il faut sortir des débats caricaturaux sur l’enjeu pour les particuliers de télécharger sa vidéo en une seconde plutôt quen trois : le vrai apport de la 5G devrait se faire au niveau du monde professionnel. « Même s’il y a une vraie plus value dans la dépense énergétique chez les particuliers, leurs opinions ne devraient donc pas trop entrer en ligne de compte pour les prix. »

Professionnellement, en revanche, les visioconférences pourraient par exemple se tenir avec l’assurance d’aucun bug ni retard, ou des opérations médicales pourraient davantage être pilotées à distance. « Cela va devenir des indispensables, une nécessité absolue et les opérateurs y mettront le prix en conséquence », insiste-t-elle.

Pour bien comprendre les enjeux, Florence Presson file la métaphore : « Avant, la santé professionnelle d’un pays dépendait de ses infrastructures routières : on s’arrangeait pour avoir assez de routes et de moyens de transport pour pouvoir assurer la bonne tenue professionnelle du pays. Aujourd’hui et a fortiori demain, ce sont les infrastructures mobiles qui détermineront cela. » Autant dire que non, les opérateurs ne devraient pas se montrer timides dans leurs appels d’offres.

Après ces enchères, tout est fini ?

Une fois les enchères terminées, il restera encore une troisième étape, « la plus technique », nous prévient Guillaume Vaquero. Après que chaque opérateur a déterminé combien de bloc il posséde, restera à déterminer qui possède tel bloc. « C’est un peu technique, insiste l’expert télécoms, mais grossièrement, les opérateurs voudront que leurs différents blocs soient à des fréquences proches voire collées, pour pouvoir les grouper entre eux. » La bataille de la 5G est donc loin d’être terminée.