PEDOCRIMINALITE«Ça ne vous fait rien que j’aie 12 ans» La pédocriminalité en ligne explose

« Cela ne vous fait rien que j’aie 12 ans ? » Un film tchèque dénonce l'explosion des prédateurs sexuels sur le Web

PEDOCRIMINALITEFaussement présentées comme des jeunes filles sur les réseaux sociaux, les actrices d’un documentaire tchèque ont reçu en dix jours des sollicitations sexuelles de plus de 2.000 hommes
Hakima Bounemoura

H. B. avec AFP

C’est un documentaire qui a fait couler beaucoup d’encre avant même sa sortie… Le film tchèque intitulé V sít (Pris dans la toile) traitant de la pédocriminalité en ligne a provoqué une onde de choc en République Tchèque, et suscité un véritable débat national.

Trois jeunes actrices ont créé de faux profils sur les réseaux sociaux et se sont fait passer pendant dix jours pour des jeunes filles âgées de 12 ans, filmant leurs échanges avec les internautes. Selon les réalisateurs du film, 2.458 personnes ont adressé des messages ou tenter de contacter les trois actrices sur Facebook, Skype, Snapchat et sur des médiaux sociaux tchèques.

« Là, j’ai compris la dimension du problème »

« Cela ne vous fait rien que j’aie douze ans ? », ont ainsi demandé chacune des actrices aux internautes qui affichaient leurs parties génitales ou se masturbaient devant la caméra. Certains hommes – dont le visage est flouté – ont réclamé aux jeunes filles de se déshabiller devant la caméra ou de leur envoyer des photos d’elles nues, d’autres ont réclamé des rendez-vous physiques avec elles. L’une des actrices a même été invitée à un « trio » par un homme et une femme disant ne pas être gênés par son très jeune âge.

« J’ai reçu 16 messages d’hommes de tout âge, alors que mon profil n’était même pas complet », a expliqué l’actrice Tereza Tezka, précisant que les images étaient tournées dans des chambres de jeunes filles remplies d’animaux en peluche. « Là, j’ai compris la dimension du problème », a ajouté l’actrice, mariée et âgée de 24 ans.

40 % des prédateurs sexuels sur Internet souffrent de paraphilie

La police tchèque a ouvert une enquête concernant ces prédateurs sexuels présumés. Neuf personnes sont soupçonnées de « tentatives d’établir un contact illégal avec un enfant et risquent deux ans de prison », a indiqué vendredi la porte-parole de la police de Prague Eva Kropacova. « Deux personnes ont été inculpées jusqu’à présent. L’une d’entre elles a déjà été condamnée à dix mois de prison avec sursis », a-t-elle précisé. Quatre suspects, dont une femme, font par ailleurs l’objet d’une enquête pour différents délits sexuels, a ajouté la porte-parole de la police de Prague.

Selon l’Institut national tchèque de santé mentale, environ 40 % des prédateurs sexuels présents sur Internet souffrent de paraphilie (attirance envers une personne ou un objet inadaptés aux rapports classiques) et seulement entre 5 et 10 % sont pédophiles. « Les autres 60 % sont des hommes normaux sur le plan psychologique et sexuel, avec des motivations variées pour ce genre de comportement », a ajouté l’Institut.