Il la trompe sur Second Life, elle veut divorcer

Il la trompe sur Second Life, elle veut divorcer

SOCIETEUn couple britannique pris dans la tourmente réel/virtuel...
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Première phase: le Net unit un couple. C’est le cas de David Pollard, 40 ans, et Amy Taylor, 28 ans, des Anglais qui se sont rencontrés via un forum de discussion de Yahoo, il y a cinq ans, puis qui se sont mariés. Un mariage dans la «vraie vie» et un autre dans Second Life, le monde virtuel en 3D.


Deuxième phase: le Net désunit le couple. C’est aussi le cas des mariés suscités. La femme a demandé le divorce au motif de «comportement déraisonnable» après que son mari l’a, dit-elle, «trompée virtuellement».


En effet, l’avatar de David Pollard a couché, dans Second Life, avec une autre avatar, qui gagne sa vie dans le monde virtuel en se prostituant. «J’ai vu, sur l’écran de l’ordinateur, son personnage en train d’avoir des relations sexuelles avec un personnage féminin», s’attriste Amy Taylor, citée par le «Daily Mail». «C’est de l’infidélité, pour autant que je sache! Mais lui ne voyait pas en quoi cela était un problème et ne comprenait pas pourquoi j’étais si perturbée.»


La deuxième prise


Alors que le couple décide de recoller les morceaux, Amy Taylor tombe quelques mois plus tard sur son avatar de mari dans une autre position virtuelle qu’elle juge intolérable. Cette fois, le personnage de David faisait des mamours sur un canapé à un autre avatar. Pour Amy, aucun doute: c’est du cybersexe. Lorsqu’elle demande à son mari de lui lire toute la conversation par chat qu'il a eu avec cette avatar, celui-ci éteint aussitôt l’ordi, supprimant de fait l’historique de la discussion virtuelle. «Il m’a confié qu’il parlait avec cette joueuse américaine depuis une ou deux semaines, reprend celle qui se sent trompée, que notre mariage était foutu, qu’il ne m’aimait plus, que nous n’aurions jamais dû nous marier.»


Selon le journal «The Sun», l’avatar de David Pollard aurait demandé l'autre avatar en mariage, pour faire office de seconde épouse. «Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit de mal», justifie le joueur.


L'infidélité virtuelle, un concept en vogue


L’histoire n’est pas anecdotique, elle s’inscrit dans une société en mutation. Pascal Lardellier, spécialiste des rencontres sur le Web, l'avait dit dès 2005: «Internet est en train de s’imposer comme le premier vecteur d’adultère» de ce début de XXIe siècle. «La multiplication et la popularité des mondes virtuels comme Second Life posent de plus en plus la question des pratiques extraconjugales virtuelles et de leurs conséquences juridiques et psychologiques dans la vie réelle, analyse un reportage sur le sujet signé Radio Canada. Juridiquement, on assiste à une recrudescence des actions en divorce fondées sur cette infidélité virtuelle que beaucoup d’hommes et de femmes pratiquent quotidiennement.»


Flippant? Pas tant que cela. En France, l’adultère réel n’est pas une faute pénale, mais peut conduire au divorce lorsque «l'infidélité de l'un des conjoints devient une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage, et rendant intolérable le maintien de la vie commune», selon le code civil français.


Fin de l’histoire: Amy Taylor a trouvé un nouvel amoureux en jouant, en ligne, à «World Of Warcraft». Quant à David Pollard, il a changé de tête d’avatar dans Second Life et de nom virtuel aussi. Leur divorce doit être prononcé la semaine prochaine.