Ivy Rec : Que vaut le mini-appareil photo de Canon sans écran ni viseur ?
SOURIEZ•Véritable ovni dans l’univers de la photo numérique, l’Ivy Rec de Canon tente de séduire une nouvelle clientèleChristophe Séfrin
L'essentiel
- Durant l’été 2019, Canon a présenté son projet Ivy Rec sur le site de financement participatif Indiegogo.
- Bingo : plébiscité par les internautes, Ivy Rec est désormais commercialisé à 129 euros.
- Ce tout petit appareil photo qui se clipse à la ceinture vaut pour son côté passe-partout et sa résistance, mais ses photos sont d’une qualité très ordinaire.
Pour Canon, tout avait commencé par une campagne de financement participatif sur la plateforme Indiegogo durant l’été 2019. Objectif atteint : le projet d’appareil photo mini, étanche et résistant nommé Ivy Rec du constructeur japonais a pu voir le jour. L’appareil est désormais commercialisé et vendu 129 euros.
Canon n’a sans doute pas eu besoin des deniers collectés sur Indiegogo pour développer son Ivy Rec. Le numéro un mondial de la photo a suffisamment de moyens pour autofinancer ses projets… C’est davantage pour évaluer l’appétence du public autour d’un concept nouveau qu’il a voulu se frotter aux verdicts des internautes, visiblement conquis (le financement a été réalisé à 522 %). Mais avouons-le : l’Ivy Rec surprend.
Pas d’écran ni de flash ou de viseur
Disponible en quatre coloris (vert pomme, gris anthracite, rose passion et bleu lagon), l’appareil est effectivement mini : 110,5 x 45,2 x 18, 5 mm pour 86 grammes. C’est trois fois moins lourd qu’un smartphone. Il fonctionne sur batterie et se recharge via un câble USB.
Originalité (et bonne idée) : le petit baroudeur se clipse tel un mousqueton à la ceinture. C’est pratique pour ne jamais s’en séparer. Et une fois à sa place, il ne gêne vraiment pas, même lorsque l’on est assis. L’Ivy Rec pourrait presque faire office de porte-clés…
A l’arrière se trouve une molette crantée pour effectuer quelques sélections. Outre la mise en marche et l’extinction de l’appareil, on choisit Photo, Vidéo, Photo/Vidéo ou mode Sans fil. Exit, l’écran de visée : celui-ci est remplacé par un trou dans la coque de l’Ivy Rec ! Il suffit de placer son œil à l’arrière pour cadrer ses images. Sur le dessus enfin, un classique déclencheur. De flash, nous n’en trouverons pas.
A noter qu’un pas de vis est présent sous l’Ivy Rec. Il lui autorise la fixation sur un pied photo, mais on l’imagine davantage sur un tripod. Une carte microSD (bien difficile à mettre en place et à extraire vu la petitesse de l’appareil) est utilisée pour le stockage des images. Le téléchargement de l’application Canon Mini est requis pour aller un peu plus loin.
Des cadrages au petit bonheur la chance !
Réglons sans tarder la fameuse question du cadrage : celui opéré n’obtient absolument pas le rendu escompté. Equipé d’un objectif fixe équivalent à 26 mm avec un champ de vision de 78°, l’Ivy Rec livre des prises de vues beaucoup plus larges que celles que l’on pensait obtenir. C’est un peu au petit bonheur la chance… Par ailleurs, le format carré du cadre sur l’appareil ne correspond pas du tout au format rectangulaire des photos.
Un capteur CMOS 1/3p de 13 mégapixels les immortalise dans une qualité correcte… mais sans plus. Si de bonnes conditions d’éclairage, notamment par temps ensoleillé, leur vont comme un gant, du bruit s’invite instantanément dans les images dès que la lumière faiblit. Les vidéos peuvent être tournées jusqu’en Full HD (1080p à 60 images par seconde) et se révèlent pour le moins honorables. La qualité de mise au point reste cependant perfectible.
Une application pour en faire plus
Lesté de l’application Canon Mini, notre smartphone reconnaît l’Ivy Rec en quelques étapes. Le premier appairage est un peu fastidieux. Les choses seront beaucoup plus simples ensuite : il suffira de placer la molette à l’arrière du smartphone en mode « Sans fil » puis d’ouvrir l’application pour que l’un et l’autre communiquent en Wifi. A la clé, la possibilité tout d’abord d’effectuer des réglages. Il y a le choix de la taille des photos parmi les trois proposées : S (2080 x 1560 pixels), M (2944 x 2208), L (4160 x 3120). Et il y a la sélection de leur format : 4:3 ou 1:1. Difficile de faire plus simple.
Egalement proposé, le déclenchement à distance. Dès lors, c’est le smartphone qui va servir de viseur aussi bien pour prendre des photos que pour tourner des vidéos. D’où l’intérêt de se munir d’un petit tripod pour accrocher l’appareil n’importe où. Enfin, l’application permet d’accéder aux contenus de la carte mémoire, de les télécharger et de les partager. Les multiples essais que nous avons effectués n’ont rencontré aucune difficulté.
On regrette cependant qu’il ne soit pas possible d’utiliser l’écran de son smartphone pour effectuer les mises au point et encore moins pour zoomer. Un miroir à selfies n’aurait pas non plus ruiné Canon. Par ailleurs, l’application se passe de toute possibilité de recadrage, retouche, ajout de filtre… ce qui fait un peu chiche. Il faudra donc compter sur ses habituelles applications photo pour éventuellement retravailler les prises de vues. Mais la simplicité est là.
Un passe-partout plutôt destiné aux enfants
Bien évidemment, les experts photo railleront peut-être l’Ivy Rec sans même l’avoir essayé. Certes, il est clair qu’avec le dernier rejeton de chez Canon, les images réalisées n’obtiennent pas le rendu de celles immortalisées avec un bon smartphone. On est face à des vues brutes, basiques, qui peuvent manquer de détails.
Mais la vocation de l’Ivy Rec n’est pas de se poser en concurrent potentiel, mais en complément essentiel. Résistant aux chocs jusqu’à deux mètres, étanche jusqu’à un mètre (norme : IP6X), c’est un passe-partout qui évitera de risquer la vie de son smartphone en milieu hostile. Avec l’Ivy Rec, on peut photographier ou filmer une descente de toboggan aquatique, une sortie en canoë, une gamelle à ski… pour deux fois mois cher que la première des GoPro. Et ce, presque sans réglage. Mais à 129 euros, l’Ivy Rec reste encore un peu cher si on le compare à la plupart des compacts Canon vendus, eux, moins de 100 euros. S’ils ne sont pas forcément étanches ni connectables, ils possèdent un écran. Dilemme…
Reste que sans le dire, le constructeur lorgne peut-être vers une clientèle souvent oubliée en photo : celle des enfants. Pas forcément les ados qui sont déjà équipés d’un smartphone, mais bel et bien les plus jeunes qui n’ont pas encore l’âge d’être équipés d’un smartphone (où auxquels on ne veut pas prêter le nôtre). Pour eux, l’Ivy Rec peut véritablement composer une porte d’entrée dans l’univers de la photo : suffisante en qualité et fun à l’emploi.