SANTEQuand des médecins se moquent de leurs patients sur un groupe Facebook

« Moi j’adore ce genre de postérieur »… Quand des médecins se moquent de leurs patients sur un groupe Facebook

SANTEUn groupe privé rassemblant plus de 11.000 médecins a publié ces derniers mois de nombreux posts se moquant du physique des patients, mais également des photos publiées sans leur consentement
Hakima Bounemoura

H. B.

«Quand les seins tombent, je refuse la consultation », « Moi j’adore ce genre de postérieur » ou encore « si elle mesure 1,50 m, c’est déjà une contraception à elle toute seule »… Censé être un lieu d’entraide et de bienveillance, le groupe Facebook baptisé « Le Divan des médecins » est aujourd’hui au cœur d’une polémique, révélée par une enquête de L'Obs.

Ce groupe privé rassemblant plus de 11.000 praticiens a publié ces derniers mois de nombreux posts se moquant du physique des patients, mais également des photos publiées sans leur consentement, ainsi que des remarques sexistes, racistes et homophobes. Outre les moqueries, certains contenus constitueraient par ailleurs une violation du secret médical, mais aussi de la vie privée.

Capture d'écran de la page Facebook du
Capture d'écran de la page Facebook du  - Capture d'écran Facebook

Des photos de patients non floutées

Cette affaire que certains appellent déjà le « divan gate », rappelle certaines pratiques qui s’apparentent à celles de la Ligue du LOL, qui a secoué les médias en février dernier. Des photos et des vidéos, concernant parfois même des mineurs, ont ainsi été échangées en ligne, avec des commentaires douteux. Certains visages seraient même identifiables, portant ainsi atteinte à la vie privée des patients. C’est notamment le cas d’un enfant de 7 ans, atteint d’une légère hémorragie sur le palais, et dont la photo a été diffusée sur Facebook avec le commentaire « syndrome de la fellation vigoureuse ? »

La créatrice et administratrice de ce groupe, médecin elle aussi, affirme que ces commentaires, très rares et dont elle n’avait pas connaissance, n’ont été publiés que par une vingtaine de médecins, que certains confrères qualifient « d’hommes blancs hétéros qui se pensent au-dessus de tout le monde », agissant « comme un boys club qui a conscience de ses privilèges ».

« Une atteinte gravissime aux droits des patients »

« Propos outrageants et pénalement répréhensibles », « violations caractérisées du secret professionnel »… La fédération France Assos Santé a dénoncé l’atteinte gravissime aux droits des patients que constituent ces propos publiés par des médecins . « Au-delà de l’aspect abject des propos tenus par des soignants […], nous soulignerons ici comment ces praticiens ont, en toute impunité, bafoué des droits fondamentaux reconnus par la loi et sont susceptibles d’encourir des sanctions disciplinaires et pénales », a souligné dans un communiqué France Assos Santé, qui regroupe 85 associations nationales de défense des droits des patients.

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Plusieurs organisations de médecins ont également condamné ces publications. « Racisme, homophobie, sexisme ou jugements de valeur sur les patient(e)s, n’ont aucune place dans une discussion entre soignant(e)s », a ainsi réagi le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) sur Twitter, disant « mesurer la perte de confiance légitime dans le corps médical que de telles pratiques peuvent engendrer ».

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Le conseil national de l’ordre des médecins a assuré ne pas connaître l’existence du « Divan des médecins ». « Cette affaire, que nous prenons au sérieux, fera l’objet d’une analyse juridique complète afin de déterminer les procédures qui peuvent être envisagées », a assuré son président Jean-Marcel Mourgues.