Salon de la Photo 2019: Mais qui achète encore des appareils photos aujourd’hui?
SALON•Au Salon de la Photo qui s'ouvre ce jeudi à Paris, les constructeurs d'appareils parient sur la complémentarité avec les smartphonesChristophe Séfrin
L'essentiel
- Le Salon de la Photo se tient porte de Versailles à Paris du 7 au 11 novembre.
- Malmenés par la concurrence exacerbée des smartphones, les constructeurs mettent en avant la qualité incomparable des prises de vues avec leurs appareils photo.
- Parmi eux, les appareils photo hybrides dont les ventes progressent significativement ont des atouts pour convaincre le public de se rééquiper.
Le Salon de la Photo se tient à Paris du 7 au 11 novembre*. Vitrine des évolutions technologiques en matière de prises de vues, ce rendez-vous des « gilets à poches » et autres passionnés de l’image est aussi le témoin des usages actuels en matière de photographie.
« Le règne de la photo est aujourd’hui prépondérant : 51 % des pratiquants photo publient du contenu sur les réseaux sociaux et 74 % likent des posts », souligne l’enquête** livrée par les organisateurs à la veille du salon. Sans préciser avec quel type d’appareil les photos publiées sont prises. Des compacts ? Des hybrides ou des bridges ? Des reflex ? A moins que ce ne soit avec des… smartphones !
Les smartphones font de la simulation
« On considère qu’il y a une vraie vertu à l’usage du smartphone comme appareil photo, cela crée des vocations et il y a énormément de comptes Instagram engageants, note Nicolas Gillet, directeur marketing et communication chez Nikon France. Mais la plupart des influenceurs ne travaillent pas avec un smartphone. Ils préfèrent un appareil photo reflex ou hybride. »
« Pour capturer une belle image, il faut un grand capteur. Ce ne sera jamais le cas sur les smartphones qui simulent plutôt bien, renchérit Jérémy Hoffman, responsable division Lumix chez Panasonic France. L’effet rendu est là, mais le smartphone est vite pris en défaut. Tout le monde l’utilise par facilité et pense trouver une qualité en regardant un écran qui flatte la rétine. Mais lorsqu’on arrive sur un tirage sur papier, beaucoup tombent de haut. »
Impossible de nier la façon avec laquelle les smartphones ont pris la main sur les appareils photos, mais que si les premiers occupent tout l’espace au quotidien, les seconds conservent leur couronne pour la qualité d’image…
Des ventes qui s’érodent toujours
Cette année encore, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis janvier, il s’est vendu en France un peu moins de 500.000 appareils photo. Un bon score ? Sur le papier, oui. Mais c’est 18 % de moins qu’il y a un an au même moment. Et cela fait des années que les ventes sont en décroissance. « Ceux qui s’en tirent le mieux sont les hybrides dont les ventes ont progressé de 5 % avec 68.000 ventes en France », constate Jérémy Hoffman chez Panasonic. Les hybrides ? Apparus au début des années 2010, ce sont ces appareils photo qui ressemblent à des reflex, mais au format compact. Ils possèdent des objectifs interchangeables, mais une visée électronique.
Nikon, qui profite du Salon de la Photo pour lancer en France son hybride Z50 (vendu 1150 euros en kit) veut croire dans le renouveau apporté par ce type de boitier. « On est dans des budgets que des gens peuvent investir sur des produits high-tech de qualité sans trop rechigner », note Nicolas Gillet chez Nikon. Effectivement : vu le tarif des smartphones premium qui depuis deux ans a pulvérisé la barre des 1000 euros, ces hybrides semblent au juste prix. Surtout, le constructeur japonais voit dans l’hybride une vraie continuité avec le smartphone. « Tous ceux qui font de l’image le font dans une démarche artistique, d’expression de soi, avec l’envie de progresser avec leur matériel. Connecté avec une application, un hybride comme le Z50 de Nikon permet de profiter de l’avantage des deux systèmes : la qualité d’image incomparable de l’appareil photo et les possibilités de partage instantané avec un smartphone », ajoute Nicolas Gillet.
Suffisant pour séduire ? « On voit beaucoup de jeunes de plus en plus attirés par la technologie hybride. On en trouve dès 449 euros chez Panasonic avec le GX800 », précise Jérémy Hoffman.
Le reflex un pied dans la tombe ?
Pas sûr d’ailleurs que face aux hybrides, les reflex tiennent le choc très longtemps. Depuis janvier, il s’en est certes vendu 85.000 en France, mais, mais c'est 15 % de moins en un an et il s’agit essentiellement de modèles d’entrée de gamme. « Pour nous, la technologie reflex est morte », tranche Jérémy Hoffman, responsable de la division Lumix chez Panasonic France. Constructeur historique avec Canon d’appareils photo reflex, Nikon se veut évidemment plus nuancé. Nicolas Gillet, directeur marketing et communication de Nikon France, constate effectivement le déclin progressif des ventes de reflex. Mais selon lui, « Il y a un vrai intérêt au reflex qui est la visée optique. Et on l’apprécie aussi pour son ergonomie avec des boîtiers qui tiennent naturellement dans le creux de la main. »
*Paris Expo Porte de Versailles. De 10h à 19h (lundi jusqu’à 18h). Entrée du salon : 12 euros. Demi-tarif (étudiant) : 6 euros. Gratuit moins de 12 ans. Valable 5 jours.
**Etude SOMIPS/Sociovision réalisée du 29 août au 12 septembre auprès d’un échantillon de 1500 individus âges de 15 à 65 ans en France.