VIDEO. « The Bard’s Tale 4 Director’s cut » : Le RPG à l’ancienne
JEUX-VIDEOS•Sorti l’année dernière après une campagne kickstarter, « The Bard’s Tale 4 : Barrows Deep » se voit mis à jour avec un director’s cut corrigeant quelques vilains bugsSamuël Tubez
Pour les plus jeunes joueurs, la série The Bard’s Tale n’évoque peut-être pas grand-chose. Remontant aux années 1980, les premiers jeux se présentaient sous la forme de dungeon crawlers parodiant les jeux de rôle de l’époque ancré dans un univers fantasy digne de Tolkien. On y suivait à la première personne un barde, accompagné de cinq autres aventuriers, qui pouvait lancer des sorts en chantant des mélodies, habilité pouvant être restaurée ou boostée en consommant de l’alcool.
Plusieurs décennies plus tard, les choses n’ont pas vraiment changé et l’humour reste omniprésent dans ce Bard’s Tale 4 proposant son lot de donjons à explorer, d’énigmes à résoudre, de combats au tour par tour et de chansons à apprendre.
C’est grâce à une campagne kickstarter que la série a pu être prolongée dans ce quatrième volet chapeauté par le studio InXile. L’aventure débute dans la traditionnelle ville de Skara Brae, ici sous l’emprise de fanatiques religieux qui n’hésitent pas à faire pendre ceux qui s’opposent à leur idéologie. C’est dans ce contexte que le joueur dirige la guilde des aventuriers composée de cinq hors-la-loi parmi lesquels des combattants, praticiens, roublards et, bien sûr, l’inévitable barde. Passé une phase de personnalisation classique, on découvre les caractéristiques, souvent atypiques, de chaque personnage et le système de combat en place.
Savoir se positionner
Sur une grille de combat de 4×4 cases où l’on occupe 8 emplacements, on découvre les capacités de ses unités et l’on apprivoise la dimension tactique du titre. Le positionnement est en effet ici primordial et il faut dépenser ses points d’action de manière judicieuse. Déplacer une unité coûte un point et les coups et sorts de chaque personnage ont une certaine portée dont il faut tenir compte. Ainsi, une capacité consistant à faire léviter un ennemi pour le délocaliser s’avérera parfois plus utile que de le frapper comme une brute. Le cerveau prend donc souvent le dessus sur les muscles.
En plus de leur barre de santé, les ennemis disposent parfois aussi d’une jauge mentale utilisée pour lancer des coups chargés prenant effet au tour suivant. Là aussi, il faudra composer sur un bon placement pour éviter ces attaques dévastatrices ou sur l’utilisation d’une capacité spécifique infligeant des dégâts à cette jauge mentale. De quoi apporter suffisamment de variétés à ces combats très stratégiques.
Le véritable plus provient donc de capacités précises, souvent originales, comme celles du barde par exemple, qui peut voir sa force augmenter s’il a consommé de l’alcool… jusqu’à ce qu’il tombe dans le coma éthylique en cas d’abus. Tout est question de dosage dans The Bard’s Tale 4, ce qui est plutôt bienvenu.
Un manque de finition
Les améliorations passent par un arbre des compétences bien pourvu et l’équipement s’avère lui aussi très complet. On regrettera par contre les menus et inventaires désuets qui auraient mérité plus de clarté et de modernité. L’aspect technique manque lui aussi de fluidité, le jeu ramant encore de temps en temps (malgré les améliorations apportées par la mise à jour) et affichant des textures parfois grossières.
Le jeu arbore pourtant un certain style soigné et de la variété dans ses environnements, mais il manque cruellement de détails et de finition, tout comme l’allure et les visages des PNJ qui vous paraîtront trop souvent angulaires et très statiques dans leur animation. Le jeu manque d’ailleurs globalement de vie et de dynamisme, autant dans son rythme que dans son histoire (somme toute très classique).
Descendez dans les donjons, mais en chantant !
L’autre aspect du jeu consiste à explorer des donjons fait de nombreux pièges et énigmes de plus en plus alambiqués. De nombreux trésors et passages secrets en font partie, et l’exploration est la plupart du temps gratifiante. Les ennemis sont très présents, et il est possible de les contourner (certains seront trop puissants pour vous au début de l’aventure) ou de les attaquer en premier pour obtenir l’avantage de la première attaque. De nombreux PNJ avec lesquels il est possible de converser longuement sont aussi là, ce qui apporte beaucoup de substance au lore du jeu.
N’oublions pas les chants poétiques et décalés qui font intégralement partie du charme de cette aventure, avec la présence de très belles vocalises. Il en est de même pour les voix originales (la v.o. est absolument incontournable) à la consonance délicieusement scottish. Il faut d’ailleurs rappeler que la musique est un élément central dans The Bard’s Tale et que l’apprentissage de chants vous permettra entre autres de déloquer certains passages pour progresser dans l’aventure.
L’édition Director’s Cut qui vient de sortir ajoute un nouveau donjon à l’aventure, un nouveau chant permettant de passer les casse-tête trop rébarbatifs, des options de personnalisation des personnages et d’autres bonus (objets, musiques). Un rééquilibrage général a également été effectué, permettant notamment de corriger de nombreux bugs qui étaient parfois très handicapants dans la version initiale.
A noter que cette grosse mise à jour est gratuite pour ceux possédant déjà le jeu et que le titre est accessible via le Xbox Game Pass, ce qui est un beau moyen de plonger dans cette aventure ne manquant pas de charme et de dérision.
Conclusion
Malgré ses carences techniques et quelques mécaniques très classiques, The Bard’s Tale 4 tire son épingle du jeu par son approche humoristique et son univers musical enivrant, tout en embarquant un système de combat stratégique ne manquant pas de challenge ainsi que des énigmes aussi divertissantes que gratifiantes. Un titre aux intentions old school qui ne manque pas d’intérêt ni de dérision, ce qui devrait séduire les fans de la première heure et peut-être séduire une nouvelle génération adepte du Seigneur des Anneaux, l’atmosphère très chantée y faisant régulièrement écho.