Nancy: «Arbitraire», «violent»... Le message de sélection de la fac de droit de l'université de Lorraine fait scandale
UNIVERSITE•Contacté par «20 Minutes», le directeur du Master en question de la fac de droit de l'université de Lorraine assume ses proposNils Wilcke
L'essentiel
- Une page web de la faculté de droit d’Epinal, qui dépend de l’université de Lorraine, fait beaucoup parler d’elle sur les réseaux sociaux.
- En cause, un ton très « cash » qui explique notamment qu'il faut s'attendre à être jugé sur son apparence lors de l'entretien avec le jury pour le Master 2 de droit en contrats publics.
- Contacté par « 20 Minutes », le directeur du Master en question assume ses propos même s'il reconnaît qu'il aurait dû « adoucir la forme ».
Une page web de la faculté de droit d’Epinal, qui dépend de l’université de Lorraine, fait beaucoup parler d’elle sur les réseaux sociaux. Il s’agit plus précisément des conditions de candidature pour le Master 2 en contrats publics. Le ton très « cash » tranche avec l’habituelle retenue du monde universitaire.
On peut y lire notamment qu'une candidature peut être rejetée « si le candidat apparaît insuffisamment motivé, s’il a déposé la candidature pour la forme, pour rester près de papa et maman, ou de sa petite copine ou petit copain, ou comme "roue de secours" ».
Plus loin, l’auteur de ces lignes prévient les critiques : « Vous trouvez que ces critères sont choquants ? Il est grand temps d’entrer dans le monde réel ». Et ajoute : « Si vous postulez pour une place et que votre tête ne revient pas au recruteur, vous ne serez pas recruté(e) ». Les discriminations fondées sur le physique restent pourtant un facteur majeur de discrimination à l’embauche, même si elles sont illégales, comme le rappellait une étude publiée par le Défenseur des droits en 2016.
« Arbitraire et violence du monde du travail »
Et pour les candidats qui tenteraient de joindre le jury le jour de leur audition ? La faculté les renvoie sèchement dans les cordes : « Le jury n’est pas joignable les jours d’audition, inutile donc de se désister le matin de l’audition par téléphone ou d’envoyer lâchement un mail dans la journée avec un prétexte fallacieux du genre : "j’ai un job d’été" ».
Sur Twitter, une grande majorité d’internautes s’indigne de la tournure de ces propos. Professeurs, universitaires, personnalités… « Quelle fierté y a-t-il à reproduire au sein d’une fac l’arbitraire et la violence du "monde du travail" ? », s’interroge l’universitaire Elsa Grassy.
« C’est d’autant plus choquant que la fac doit normalement se détacher des dogmes du monde du travail pour non pas conformer ou se conformer, mais instruire et être un passeur de savoirs », s’étonne un autre internaute.
« Il ne s'agit pas d'un piratage »
Contactée par nos soins, la scolarité rejette l'hypothèse d'un piratage : « Ce texte existe depuis dix ans ». Ce type de message n’est-il pas en décalage avec les valeurs « humanistes » mises en avant par l’université de Lorraine ? « Ce n’est pas très étonnant », lâche simplement notre interlocutrice. Avant de nous renvoyer vers le directeur de ce Master de la faculté de droit, Fabrice Gartner.
« Les propos sont cash, répond à 20 Minutes ce dernier, mais ils révèlent le respect que nous avons pour nos candidats. On ne leur ment pas ». Le directeur Fabrice Gartner reconnaît tout de même qu’il aurait « dû anticiper et adoucir cette forme, dans un monde où, dans le même temps, le fonds est encore plus rude », précise-t-il. La page web a depuis été rendue inaccessible même si elle peut être consultée via le cache de Google.